Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Quand le savoir-faire est absent

par Abdou BENABBOU

Dans le débat actuel, voulu non exhaustif et non restrictif, on n'a pas abordé de manière frontale le problème de ce que l'on a pompeusement appelé l'emploi des jeunes. On étale avec une certaine légèreté un nouveau décapage dans la dénomination de start-up sans se rendre compte que le dénominatif est présenté à une majorité d'Algériens qui est certaine de n'y voir que du javanais. S'il est bon d'utiliser le lexique de la modernité pour adhérer au progrès, celui-ci a surtout besoin, pour être réel, de se débarrasser des emphases du vocabulaire et nécessite de la simplicité et du concret.

En la circonstance, il faudrait bien faire le bilan chiffré et détaillé de la politique de l'ANSEJ pour comprendre que cet échappatoire populiste est ordonné avec un infantilisme effarant. On sait qui en a profité et qui s'en est servi, et on sait aussi qu'il ne pouvait en être autrement par le tracé d'une gouvernance qui a privilégié la rapine à grande échelle. On n'ignore pas non plus qu'une telle rapine érigée en règle et tapie derrière la loi ne peut qu'engendrer un esprit généralisé malsain qui transforme un prêté en un bien définitivement acquis.

Des milliers de milliards de dinars sont partis en fumée et il est certain qu'ils ne seront jamais recouvrés et, à quelques exceptions près, bénéficiant de carapaces et de liens solides, et n'en déplaise aux retours d'échos officiels, tous les jeunes et moins jeunes qui se sont aventurés dans cette voix ont échoué. Une logique limpide a vite fait de démontrer que quand le savoir-faire est absent, il est très illusoire de s'aventurer dans le terrain de la création.

Contrairement à l'idée reçue, vendre un shampoing ou un flacon de parfum est un acte profondément commercial et n'est pas à la portée de tout le monde.

En d'autres lieux, un berger est dans l'obligation de passer par une grande école pour se conformer à son emploi. C'est de cette conformité qu'il doit être aujourd'hui question pour que le bœuf soit mis avant la charrue.