Notre
jeunesse a besoin de respirer. Combien de fois a-t-on entendu un tel cri de
détresse de la part des représentants de la société civile ? Peut-être des
centaines de fois. Or, la réaction de ceux d'en haut est toujours la même :
l'indifférence. Par respiration, on veut dire le rêve, l'évasion, l'ouverture
sur le monde et les perspectives nouvelles. En écoutant récemment le récit de
quelques amis du quartier, je me suis rendu compte que le problème de notre
jeunesse n'est pas seulement matériel, mais une question de confort spirituel.
La majorité des miens souffrent d'une certaine promiscuité psychologique. Que
ce soit dans les grandes villes ou les petits villages, ils se sentent envahis
dans leur quotidien par un malaise sans nom. Un malaise qu'on peut résumer dans
un seul mot : l'incompréhension.
Nos jeunes
sont incompris par leurs proches, incompris par leur propre entourage,
incompris par la société, incompris par les autorités, incompris par tous ceux
qui les écoutent se plaindre et ceux qui les voient tenter de fuir ailleurs.
Or, il n'est pire douleur dans l'existence que d'être incompris, victime d'une
société rongée par la maladie de l'indifférence. Si l'on tente de donner un
qualificatif à cette vie de souffrance, elle n'aura sans doute pour nom qu'une
«vie défunte». Autrement dit, une vie de pacotille où l'on se sent dépossédés
du goût de la curiosité et du charme de la résistance. Un septuagénaire que
j'avais croisé dans une ville du littoral m'a expliqué que le seul handicap qui
peut tuer l'esprit d'une société quelconque, c'est le défaitisme. Quand on est
défaitiste, argumente-t-il, le monde semble crouler à nos pieds et rien ne nous
motivera à avancer, sauf, comble de l'ironie, la conviction qu'on est nuls,
inutiles et improductifs. Le défaitisme nous fait «avancer» dans le sens
négatif des choses, on consomme nos énergies à médire sur les autres, à maudire
et la société et le pays qui nous ont vu naître, à leur être ingrats.
Aujourd'hui, avec ce mouvement populaire, nos jeunes ont bien saisi le danger
d'un tel phénomène sur la cohésion sociale et essaient de remonter la pente,
malgré toutes les incertitudes qui pèsent sur l'Algérie. Seront-ils à la
hauteur ? Le défi est énorme et l'espoir est permis.