Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'espoir est dans l'éveil de notre jeunesse

par Kamal Guerroua

Notre jeunesse a besoin de respirer. Combien de fois a-t-on entendu un tel cri de détresse de la part des représentants de la société civile ? Peut-être des centaines de fois. Or, la réaction de ceux d'en haut est toujours la même : l'indifférence. Par respiration, on veut dire le rêve, l'évasion, l'ouverture sur le monde et les perspectives nouvelles. En écoutant récemment le récit de quelques amis du quartier, je me suis rendu compte que le problème de notre jeunesse n'est pas seulement matériel, mais une question de confort spirituel. La majorité des miens souffrent d'une certaine promiscuité psychologique. Que ce soit dans les grandes villes ou les petits villages, ils se sentent envahis dans leur quotidien par un malaise sans nom. Un malaise qu'on peut résumer dans un seul mot : l'incompréhension.

Nos jeunes sont incompris par leurs proches, incompris par leur propre entourage, incompris par la société, incompris par les autorités, incompris par tous ceux qui les écoutent se plaindre et ceux qui les voient tenter de fuir ailleurs. Or, il n'est pire douleur dans l'existence que d'être incompris, victime d'une société rongée par la maladie de l'indifférence. Si l'on tente de donner un qualificatif à cette vie de souffrance, elle n'aura sans doute pour nom qu'une «vie défunte». Autrement dit, une vie de pacotille où l'on se sent dépossédés du goût de la curiosité et du charme de la résistance. Un septuagénaire que j'avais croisé dans une ville du littoral m'a expliqué que le seul handicap qui peut tuer l'esprit d'une société quelconque, c'est le défaitisme. Quand on est défaitiste, argumente-t-il, le monde semble crouler à nos pieds et rien ne nous motivera à avancer, sauf, comble de l'ironie, la conviction qu'on est nuls, inutiles et improductifs. Le défaitisme nous fait «avancer» dans le sens négatif des choses, on consomme nos énergies à médire sur les autres, à maudire et la société et le pays qui nous ont vu naître, à leur être ingrats. Aujourd'hui, avec ce mouvement populaire, nos jeunes ont bien saisi le danger d'un tel phénomène sur la cohésion sociale et essaient de remonter la pente, malgré toutes les incertitudes qui pèsent sur l'Algérie. Seront-ils à la hauteur ? Le défi est énorme et l'espoir est permis.