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Un comité des «sages» qui suscite des suspicions avant même d'être connu

par Kharroubi Habib

L'instance pour le dialogue et la médiation qui tente la borieusement de recueillir des ralliements à son initiative tant auprès de la société civile qu'au sein de la classe politique et du mouvement citoyen qui entretient depuis le 22 février la révolution populaire visant à dégager le système et ses symboles, s'est attelée à constituer un comité des «sages» dont elle attend qu'il confère de par sa composante une plus grande crédibilité à sa mission de médiation. Ce comité des «sages» dont sauf imprévu l'installation aura lieu aujourd'hui samedi a été présenté comme constitué de «personnalités historiques» et de «compétences avérées» qui ont des «profils de gens rassembleurs» et de l'expertise «pour aider l'instance à avancer convenablement sur une large étendue sociopolitique et économique».

La présence de ces «profils» au sein du comité des «sages» en ferait le référent «moral» auprès duquel l'instance pour le dialogue et la médiation irait quêter conseils et orientations. Mais pour que ce comité des «sages» soit en mesure de remplir le rôle que lui assigne l'instance que préside Karim Younes faut-il que sa composante ne soulève pas de controverses. Des noms ont été avancés comme allant faire partie des «sages» le composant qui ont déjà suscité des commentaires désapprobateurs.

Ces noms ne sont pas en effet ceux de «personnalités et compétences» auxquelles il est reconnu d'être en rupture totale avec le système et ses symboles encore présents et dont le peuple veut le changement et le départ. A tort ou à raison, ils ont mauvaise presse dans l'opinion publique en raison du passé qui a été le leur dans ce système. Si leur intégration au sein du comité des «sages» en viendrait à être chose avérée, elle confirmerait pour leurs détracteurs qu'elle procède d'une opération insidieuse de recyclage visant à confier le processus du dialogue à des acteurs dont le système et le pouvoir de fait n'auront pas à craindre qu'ils entretiennent la radicalité des revendications qu'exprime le mouvement citoyen.

Dans sa quête d'appuis moraux à son initiative de médiation, Karim Younes a bien constaté que son propre passé a été pour lui un handicap qu'il a péniblement surmonté. Ce n'est pas en ouvrant la porte du comité des «sages» à des figures traînant le même handicap qu'il en ferait le référent moral qui monétiserait la vision de l'instance qu'il préside sur les actions à entreprendre pour sortir l'Algérie de la crise politique dans laquelle elle est plongée. Les Algériens vérifieront aujourd'hui de quoi il retourne s'agissant de ce comité des «sages».