Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La quadrature du cercle

par Kamal Guerroua

L'Algérie régresse-t-elle ou avance-t-elle ? Difficile d'y répondre, vu le flou qui entoure notre actualité. Fermement opposé au scénario d'une transition démocratique, le chef d'état-major, le nouvel homme fort du régime, défend l'option d'une élection présidentielle à brève échéance, dans un cadre constitutionnel toujours verrouillé par le système.

Tous les opposants à ce choix sont considérés, de son point de vue, des « traîtres ayant vendu leur âme », voire « des marionnettes entre les mains de cercles hostiles à l'Algérie», dont «la justice s'occupera tôt ou tard».

La rhétorique belliciste du général Ahmed Gaïd Salah est, on ne peut plus, un avertissement implicite à l'opposition politique qui tente de se constituer en pôle uni face à un pouvoir en perte de vitesse. D'ailleurs, la revue ?El Djeich', se réclame de cette ligne, en affirmant dans son dernier éditorial du mois de juillet que l'ouverture d'une période de transition serait « un choix aventureux » et la seule façon de surmonter la crise serait de s'en remettre aux urnes pour l'élection d'un président de la République. Si les offres de dialogue pour sortir le pays du bourbier se sont multiplié, il n'en reste pas moins fragilisé par la position implacable de la grande muette. Cela est d'autant plus inquiétant que le conclave de Aïn Benian, du 6 juillet dernier, ayant réuni quelques figures de l'opposition, pourtant acquises à l'agenda électoral du régime, a été un véritable fiasco politique. D'une certaine manière, ce rassemblement-là donne un alibi au système pour reprendre du poil de la bête et continuer son jeu de reniement de la grogne populaire, tout en tentant de se recycler sous un autre visage. Autrement dit, c'est une occasion en or, pour lui, de gagner encore du temps et essouffler le mouvement, sur fond de la faiblesse de l'opposition. Or, s'il fait miroiter des compromis, ce dernier entretient un climat de peur, en faisant tomber des têtes dans ses propres rangs et en promettant d'éradiquer l'hydre de la corruption. Sa démarche ne s'arrête pas là, dans la mesure où il fait aussi la chasse à certaines figures démocratiques et aux libertés. Le spectre d'une tournure autoritaire n'est pas éloigné et l'horizon démocratique se voile sous les nuages d'incertitudes.