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«Il n'y a
de véritable révolution que là où il y a de la conscience», dit-on. Les
Algériens ont saisi la portée de cette maxime et l'ont adoptée comme ligne de
conduite. Les nôtres ont compris que rien ne marche normalement dans la
machinerie d'un système pourri, que toute la phraséologie dont celui-ci a fait
usage n'est que de la démagogie, que la force d'appui des institutions de
l'Etat est dans l'armée, que tout s'arrache par la lutte, car continuer de
marcher sur ce chemin de la déliquescence généralisée est porteur de grands
périls. Rien que pour ces raisons-là, la mobilisation populaire ne faiblira
pas. D'ailleurs, à chaque tentative de détournement du mouvement citoyen par le
pouvoir, les manifestants redoublent de férocité, opposant le remède
démocratique au poison de la dictature.
La rue, qui ne désemplit pas durant ces journées de canicule, se bat avec une force stupéfiante. L'engagement populaire en faveur du changement suit un mouvement ascensionnel au grand bonheur des masses. Les pancartes et les slogans au ton rageur font frémir et sonnent juste, restituant à la rue ses droits d'aînesse confisqués par une poignée d'opportunistes qui se sucrent sur le dos de la collectivité. Cela est d'autant plus remarquable que les jeunes s'amusent à raconter leur colère par des caricatures, des mises en scène et des blagues, remettant en cause cette comédie de boulevard qui se joue sous leurs yeux. Chaque réponse inappropriée de la nomenklatura étant sentie comme une erreur dans une demande frauduleuse de visa; comprendre le visa de ce peuple, longtemps mis en quarantaine sans aucune raison apparente. Que peut proposer encore le pouvoir quand on sait que les Algériens sont complètement désabusés ? Comment peut-il encore leur mentir quand on sait qu'ils sont rassasiés de manipulations, de contre-discours et de contrevérités ? |
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