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Le coup de froid sino-américain

par Kamal Guerroua

La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis est-elle officiellement ouverte? Force est de constater que, malgré les efforts du vice-Premier ministre chinois Liu He, qui s'est rendu le 9 mai dernier à Washington, les États-Unis ont maintenu le cap sur leur décision d'augmenter, dès le début de la semaine en cours, les droits de douane sur 300 milliards de dollars d'importations chinoises. D'ailleurs, à en croire un communiqué de l'USTR (Bureau du représentant américain au commerce), publié le lendemain de cette visite-là, Donald Trump a chargé son représentant Robert Lighthizer qui est, au demeurant, le représentant des États-Unis au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de lancer la procédure destinée à augmenter les tarifs douaniers sur la quasi-totalité des importations en provenance de Chine. « Le président nous a ordonné, aurait indiqué dans un communiqué Lighthizer, qui fut déjà, le n°2 de l'USTR sous la présidence du démocrate Ronald Reagan durant les années 1980, le démarrage du processus d'augmentation des droits de douane sur quasiment tout le reste des importations de Chine, évaluées à environ 300 milliards de dollars (soit environ 267 milliards d'euros environ). Pour rappel, l'administration Trump a déjà imposé en mars 2018 des droits de douane supplémentaires sur l'acier et l'aluminium chinois. Puis, juste après, elle a imposé des tarifs douaniers de 25% sur 50 milliards de dollars de biens chinois, dans le but d'influer sur les négociations, avant d'exiger d'autres droits de douane de 10% sur 200 milliards de biens supplémentaires (environ 178 milliards d'euros). La nouveauté, c'est que ces droits de 10% ont été portés cette fois-ci à raison de 25%. La totalité des importations venant de la Chine a représenté, en 2018, 539,5 milliards de dollars, soit un peu plus de 480 milliards d'euros. Prenant de court le Premier ministre chinois dont il a qualifié pourtant les deux rencontres de «franches et constructives», le président américain semble serrer les vis, en forçant le géant asiatique à mettre un terme à toutes ses pratiques commerciales, jugées déloyales par la Maison-Blanche, telles que le vol de la propriété intellectuelle américaine par le transfert forcé de technologies ou «le capitalisme d'Etat». Bref, une tempête diplomatique sur fond de crise économique souffle sur les deux géants !