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PAR QUOI FINIR ET PAR QUOI COMMENCER ?

par Abdou BENABBOU

Un fait, un symbole. Il renseigne sur le degré atteint de décrépitude sociale et indique la limite inimaginable des us et une culture dévoyés auxquels la majorité des Algériens ne pensaient jamais arriver. Des parents d'élèves se sont fait rançonner en donnant des enveloppes sous table à un directeur d'école pour que leurs enfants soient inscrits dans ce qui est censé représenter un temple sacré. L'acte sacrilège est d'un drame inouï et on se demande qui d'un Hadad, d'un autre flibustier connu ou de ce directeur de la première institution éducative est le plus condamnable.

Les capitaines d'industrie, malfrats avérés et connus, faits avec du papier gommé ne sont à l'évidence pas à dédouaner, mais, à bien évaluer l'absence des consciences, un éducateur assis sur la sienne serait plus proche de l'échafaud que quiconque. Il est de notoriété publique que ce brigand, fort de sa carte de militant et responsable d'une secte officielle, n'est pas un cas isolé. Des cannibales des temps présents sont partout sauf que le volume des rapines est égal à celui de la surface du bureau occupé ou de celle de l'entrebâillement du guichet. Face à cette ignominie devenue si courante, le citoyen a été condamné à se plier et à fermer les yeux.

Depuis le 22 février, ces yeux s'écarquillent pour demander des comptes diffus pour réclamer le départ de tous ceux qui, dans un accouchement facile, ont donné naissance à des ogres et à des zombies qui ne font pas la différence entre une école et un WC.

Bien sûr qu'il est du devoir de chacun de dénoncer tant que la déclamation semble aujourd'hui autorisée. Mais un doigt pointé sur les larges immondices sociales ne suffira pas à rétablir l'élémentaire raison pour que l'Algérien renoue avec ce que l'humain a comme noblesse.

Lorsqu'un directeur d'école, censé éduquer et former les générations de demain, se comporte plus bas et plus vil qu'un silurien, il est à se demander par qui la justice devra finir et par quoi commencer.