Le scénario
du cinquième mandat est donc maintenu et c'est par procuration, comme il a
gouverné depuis sa maladie, que Bouteflika a déposé son dossier de candidature
au niveau d'un Conseil constitutionnel quadrillé. Le seul changement consenti
est le remplacement du directeur de campagne trop marqué, ces derniers jours,
par la fuite d'une communication téléphonique compromettante avec le patron du
FCE. Un lâchage lu comme une volonté du pouvoir de présenter un visage plus
clément à l'opinion publique ou, indépendamment, comme un deal entre
différentes factions du pouvoir, soucieuses de se démarquer de la bravade orale
des deux hommes. La chronique d'hier abordait justement ce cas de figure où
Bouteflika se représentait à sa propre succession et les conséquences qui
peuvent en découler. Des conséquences qui ne peuvent qu'être soumises à des
lectures aléatoires et des suppositions qui balancent entre analyses
conjoncturelles et extrapolations intuitives. La référence étant puisée dans
l'histoire mouvementée des manifestations populaires qui ont toujours été
réprimées. La probabilité d'aller vers la confrontation est grande dans la
mesure où les deux positions se confirment et devant l'insistance du pouvoir à
s'accrocher au cinquième mandat, le risque d'un dérapage est à craindre.
L'hypothèse la plus plausible, en absence d'un plan de secours, est un scrutin
à trois ou quatre candidats, lièvres pour la plupart, face au président
sortant. Et si on arrive jusqu'à avril, ce n'est pas pour voir Bouteflika perdre
l'élection, mais la réaction du peuple, qui a déjà
voté contre le cinquième mandat, ne peut être que légitime. Le regard même de
l'extérieur ne sera plus aussi conciliant et approbateur qu'auparavant, et le
pouvoir se trouvera alors face à un dilemme qui pourra fortement le
discréditer. Le deuxième scénario est un événement qui pourrait se produire
d'ici à la présidentielle et le 18 avril, et qui conduirait à un report forcé
de l'élection. Dans ce cas, la vacance symbolique du pouvoir sera comblée par un
président intérimaire qui aura pour mission de préparer un nouveau vote, et
durant cet intervalle, personne ne pourra écarter l'avènement d'événements
fâcheux qui plongeront le pays dans une spirale de violence et conduire vers
l'instauration d'un état d'urgence qui bloquera tout processus démocratique.
Mais le meilleur scénario à venir est l'instauration d'une deuxième République
débarrassée des tous les symboles honnis par le peuple pour que puissent vivre
heureux les Algériens. On peut toujours rêver comme l'a dit un grand homme !