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Ces journées qui ébranlent l'Algérie

par Kharroubi Habib

Samedi au lendemain des gigantesques marches anti-cinquième mandat et contre le pouvoir qui veut l'imposer à la nation et alors que circulaient les plus folles rumeurs quant à ce qu'allait être la réponse de celui-ci aux revendications citoyennes scandées par les millions de manifestants, des sources officieuses ont fait savoir en début d'après-midi que la présidence allait rendre public un communiqué qui mettra fin aux fébriles attentes des Algériens.

L'info paraissait d'autant plus vraisemblable qu'a circulé ce jour-là le bruit qu'un conclave réunissait au siège de la présidence les plus hautes personnalités du régime appelées à un titre ou à un autre à jouer un rôle dans la suite des évènements qui découleront de ce que le communiqué de la présidence fera savoir des intentions du pouvoir. De communiqué, il n'y en eut pas, ce qui fut cause de la montée de fièvre qui s'est manifestée dimanche dans la rue, les citoyens soupçonnant que le silence du pouvoir est signe qu'il ne veut rien concéder au mouvement de contestation populaire aussi ample qu'il est.

Cette journée étant l'ultime délai fixé par la Constitution à la remise des dossiers de candidature à l'élection présidentielle au Conseil constitutionnel, la rue s'est de nouveau mise en mouvement pour dissuader le pouvoir de persévérer dans le maintien de la candidature de Bouteflika. Et pour bien démontrer leur détermination à faire échec à ce scénario délirant et irresponsable, à Alger les manifestants dont la grande masse en a été les étudiants mais aussi des jeunes toutes catégories sociales confondues ont convergé sur le Conseil constitutionnel où Bouteflika était tenu de se rendre s'il était toujours dans son intention de briguer un cinquième mandat.

A l'heure où nous écrivons et que la situation était décrite comme extrêmement tendue aux abords du Conseil constitutionnel, ni la présidence ni aucun autre lieu du pouvoir n'ont brisé le silence qu'ils observent depuis ce vendredi 1er mars qui a vu les Algériens manifester quasi unanimement leur rejet du cinquième mandat et du régime qui a l'outrecuidance de vouloir le faire passer en force. La journée ne s'achèvera pas sans que soient connues les intentions du pouvoir. Le délai imparti par la Constitution fait obligation aux « décideurs » à les faire connaître ce jour dimanche.

S'ils ont différé l'annonce qui sera la leur, selon des sources cela aurait été dû aux dissensions s'étant exprimées dans leur conclave sur la réponse à faire aux revendications populaires. Puisse celle qu'ils feront connaître ne pas être celle qui transformera l'Algérie en un chaudron dont l'ébullition tuera l'espoir d'une solution à sa crise politique que tous ces citoyens ont clamé vouloir pacifique et ordonnée. Ce jour lundi ces derniers auront eu connaissance de ce qui est ressorti du conclave des décideurs pour le bien ou pour le désespoir de la nation. Dans ce cas, l'Algérie va connaître inéluctablement des moments sombres dont l'entière responsabilité incombera à un pouvoir en putréfaction mais refusant de céder la place.