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La coupole, l'abeille et les mouches

par El Yazid Dib

Chacun est libre d'adopter une position qu'il estime être d'ordre politique. Alors que l'autre n'y voit qu'un intérêt. Chacun doit être finalement libre de commenter la position de l'un et de l'autre. Je prends ainsi ma liberté. La coupole. Un événement artificiel par définition politique, car convoqué, soutenu et non pas engagé et convaincant. J'en connais un bout. Il y avait là, de ces présences physiques qui n'y voyaient qu'une obligation d'être recensées et vues. Il n'y avait ni cœur, ni amour, ni encore de la foi. La cravate galvanisée et le costume scintillant tout neuf, croyaient-ils, pour les plus arrimés à la pratique acquise, allaient leur offrir un bel investissement après le 18 avril ou les dates à venir. D'autres plus jeunes, insouciants, flânant au rythme de la zorna, n'auraient, après un long voyage, que l'attente de l'exécution d'une fine promesse d'embauche ou une inscription aléatoire au registre des aides sociales. J'en connais un bout de par ces voyageurs carriéristes qui transportaient en eux le spectre des ambitions inavouées et des convoitises inachevées. Elus, ils cultivent la peur de l'effacement comme une stratégie de survie en cas de tsunami post-électoral. L'un d'eux m'horripilait par son «sait-on jamais» ou ce «je n'ai rien à perdre» irresponsable. Nombreux sont ceux qui ont déjà la tête dans 2021 ou 2022 ou s'injectent profondément dans l'anticipation des joutes législatives en cas de dissolution. Les autres, parfois les deux à la fois, lorgnent les instances des futures mouhafadhate.

Tout ce qui se dit sur des hypocrisies et des facéties, des incroyances et des comédies, des contrefaçons et des mauvaises fois n'est qu'une réalité qui se refuse à s'admettre mais qui force la certitude. Ce groupement d'individus, qui ne s'identifie que par un S12 et une carte d'adhérent, n'arrive pas à se retrouver dans son ensemble. Il ne forme plus une entité idéologique mais des unités de compteurs pour soi. Si un troupeau à la limite est une somme qui s'assemble et se ressemble, lui, anonyme, il vogue seul tout en ayant la croyance qu'il est plusieurs, qu'il est le tout, la plénitude. Dans les dédales de la malédiction, ce FLN est devenu le tremplin à quiconque cherchant une place dans l'engrenage systémique. Dans chaque manifestation, il pense enfin la trouver. Son crâne se bourre de contradictions évènementielles et d'antinomies référentielles. Ce front n'était-il pas sans majeur souci, au moins dans ces fastueux moments où tout allait bien lorsqu'il était l'unique et «le tout va bien» ? La nostalgie est devenue un remède à l'anarchie actuelle spirituellement troublante. Le mal-gérer, le mal-être se juxtaposent aux hauteurs de l'espoir et de l'optimisme. Des députés et sénateurs venus du rien, des maires repêchés de la solitude d'une retraite angoissante, des élus locaux à répétition et toujours les mêmes, voilà ce qu'a mis bas ce prestigieux front. Attendons et on verra ce que l'on croit déjà.

Wallah, le problème maintenant n'est plus dans le cinquième mandat puisque nous semblions y être depuis le premier; il est cependant dans ces faux porte-voix, ces nouveaux et bleus messies, ces gouals qui, au lieu de rassembler, ameutent, au lieu de faire joindre, ils disjonctent. Ils n'ont de cure que de faire fuir la bonne sève lui préférant le croisement d'intérêt, les indemnités et la proximité du pouvoir. Ce sont en finalité ces gens-là qui portent préjudice à celui qu'ils croient enorgueillir. Le cinquième aura lieu, mais sans eux.

Je ne sais encore qu'elle était cette idée à l'origine pour que ce regroupement soit centralisé à Alger ? Il aurait été judicieux et plus conformiste que chaque wilaya organise sa mobilisation. Ainsi, le boss du parti, qui se sent coq du village dans la prairie des grands, aurait l'attitude de jauger les capacités d'engouement de ses lieutenants et de ses représentants populaires locaux. Il y est de même pour ses représentations à l'étranger.

Oui Monsieur Bouchareb, ça va se compter pour toi cette prouesse. Et quelle prouesse, molle et peu concluante, inutile et peu démonstrative. Croyez-vous que c'est un exploit historique d'avoir rassemblé sous un toit quelques miettes de mille de personnes, quand le parti, dixit Ould Abbès, en juin 2018, tablait sur 1 million de militants à la fin de l'année ? Et l'Algérie 22 millions d'électeurs ? Pourtant?, autrefois, Ils furent six, ils mobilisèrent 10 millions. Autres temps, autres chefs, autres apprentis.

Quand dans une wilaya, la sienne, l'on n'arrive même pas à faire souder les rangs d'un groupe d'élus, l'on ne doit pas penser à hisser le ciel, remuer la terre ou déranger le cosmos national. Le futur candidat, sans encore nulle intention officielle de candidature, saura se convaincre qu'une poignée d'abeilles vaut mille colonies de mouches.