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La fin d'un suspense

par Mahdi Boukhalfa

Voilà, le suspense comme les interrogations sont levés: M. Abdelaziz Bouteflika sera bien candidat à sa propre succession le 18 avril prochain lors d'un scrutin présidentiel, le 5ème depuis son élection en 1999. Il confirme surtout qu'il entre dans la course à la présidentielle pour mettre en pratique un projet social nouveau à travers des réformes globales de seconde génération. L'annonce officielle de sa candidature, effectuée selon les textes en vigueur sur lesquels veille un Conseil constitutionnel qui a, depuis hier, un nouveau président en la personne de Tayeb Belaïz, est accompagnée par une seconde annonce, celle de la mise en place, dans le cas où il est élu, d'une vaste réforme sociale, politique, économique et culturelle qui englobera pour sa concrétisation tous les acteurs politiques, experts économiques et observateurs.

Le virage sera à 180 degrés, avertit dans sa lettre à la nation le candidat Bouteflika qui a annoncé la tenue d'une conférence nationale inclusive, juste après ce scrutin, afin de faire le point sur les états généraux du pays, ensuite tracer les objectifs à réaliser dans les deux prochaines années. En fait, cette initiative du chef de l'Etat, dans le cas où il est élu, a un parfum de déjà vu, puisqu'un des partis de l'alliance présidentielle en a fait mention, sinon détaillé ce programme que veut mettre en place le candidat Bouteflika juste après le scrutin. Pour autant, si dans la forme l'annonce de la candidature du chef de l'Etat à sa propre succession, pour la 5ème fois, intrigue toujours l'opinion publique et exaspère l'opposition, l'organisation, par contre, d'une conférence nationale inclusive sur des thèmes socio-économiques et sécuritaires étonne dans le fond. D'abord, pourquoi et quelle utilité pour une conférence nationale inclusive après l'élection présidentielle qui, dans cette tournure, prend la forme déjà d'une certitude : le président Bouteflika sera réélu pour un 5ème mandat ?

Donc, pourquoi tenir cette conférence nationale dès lors que les jeux sont faits et que le président élu a tous les pouvoirs que lui confère la Constitution ? En outre, l'importance des thèmes et la profondeur de la réflexion sur les enjeux et les défis auxquels le gouvernement qui sera désigné aura à faire face font penser que l'Algérie est « menacée » et qu'à ce titre il faut se préparer à entrer dans une sorte de guerre pour le développement, avec en bandoulière une grande unité des rangs entre toutes les composantes politiques nationales. A la limite, ce scénario sonne la préparation méticuleuse et ordonnée d'une fin de règne qui viendrait après la tenue de cette présidentielle. D'autant qu'une révision de la Constitution, comme le suggère le chef de l'Etat dans son message annonçant sa candidature, n'est pas à écarter. Mais, réviser la Constitution, moins de trois années après sa partielle révision, est-ce raisonnable ?

A moins que l'après-Bouteflika, qui n'ira pas au terme de son mandat, ne soit envisagé dans un laps de temps moins long que prévu par une 5ème mandature. Et que c'est le président Bouteflika lui-même qui en décidera après la tenue de cette conférence nationale, à l'issue de laquelle il y aura l'émergence d'une autre génération de décideurs et de responsables, puisque la révision des missions du Premier ministre et du Parlement fera également partie de l'agenda de cette conférence. Dans sa lettre, il le dira en affirmant que « les propositions que dégagera la conférence nationale me seront soumises pour leur concrétisation par les voies appropriées ».