En janvier : arrêter la cigarette parce qu'elle tue, tout comme le mauvais sang des Arabes et les Américains. S'inscrire dans une salle de sport pour essayer d'arrêter la cigarette et ne plus penser aux opportunités ratées, aux occasions vendangées, à l'équipe nationale et à la démocratie. Supprimer ton compte Facebook parce que c'est le meilleur moyen de renseigner tout le monde sur l'immensité de ta connerie. Parfois même c'est le chemin le plus rapide pour se retrouver en manque de soleil. Attendre sagement qu'on te convoque avec le reste du corps électoral, tu auras toujours l'impression d'être pris au sérieux. En février : ne plus fréquenter la salle de sport parce que ça fatigue et la cigarette est plus rapide qu'un cent mètres de Bolt. Même si tu cours plus vite que la fumée d'une clope, tu ne pourras jamais distancer les mauvaises nouvelles du monde arabe. Cesser de réfléchir à la survie de la planète parce qu'elle sera toujours là quand toi tu seras bouffé par les asticots. Commencer à se poser de sérieuses questions sur ton avenir si personne n'a reçu de convocation. Si à trente ans, tu es encore chômeur professionnel ou salarié précaire et que tu crèches toujours chez tes parents, c'est qu'il est temps de te pendre ou de te bouger. En mars : prier pour qu'on t'accorde un visa Schengen, même de quelques heures, pour te casser loin d'ici, dans le cas où le facteur ne t'a pas encore ramené ta convocation. Essayer de ne plus fumer 20 cigarettes par jour parce que c'est inutile, ça revient cher avec le prix du paquet et surtout que ça tue. Rendre visite à des copains perdus de vue pour faire tes adieux et les taper d'une brique ou deux au cas où. En avril : de l'une des deux choses : ou tu l'as enfin reçu cette satanée convocation au même titre que tous les Algériens, majeurs et vaccinés, quoique le deuxième point n'est pas obligatoire, ou tu réserves sur le premier « bôté » en partance vers l'aventure, si on a décidé que, dans ce pays, la citoyenneté n'est qu'une simple vue de l'esprit. Si l'élection est maintenue, tu as le choix de la conscience en décidant soit d'aller voter soit faire semblant de voir ailleurs. Tu as également le choix du candidat même si le futur président ne sera jamais celui qui propulsera l'Algérie vers le 21e siècle. Le reste de l'année dépend, lui, d'avril et des résolutions que tu as prises pour ne pas les respecter.