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Impérieuse visibilité

par Mahdi Boukhalfa

La prochaine élection présidentielle prend des allures difformes, appelant, dans un contexte social et économique stressé, à une urgente clarification quant au respect du calendrier électoral. Et, au-delà, une visibilité politique pour les cinq prochaines années. Trois des formations de la majorité présidentielle ont certes donné quelques signes encourageants quant à la tenue de cette élection, mais dans le fond tout le monde reste dans l'expectative. Un climat politique pesant qui s'est étendu à l'ANP dont les mises en garde contre l'intervention de retraités de l'armée dans l'actuel débat politique expriment un certain agacement quant aux jeux de coulisses de certains cercles politiques. Une situation qui devrait se clarifier dans les prochaines semaines, sinon dans les prochains jours avec au moins des annonces officielles quant à la tenue de cette échéance électorale comme prévu et surtout pour rassurer autant les acteurs politiques que les opérateurs économiques, les investisseurs et partenaires et observateurs étrangers.

L'immobilisme de l'opposition, hormis quelques formations comme le MSP, le PT ou le RCD, ne contribue pas également à rendre moins opaque cette élection et la direction qu'elle devra prendre dans les tout prochains jours. La convocation du corps électoral devrait se faire au plus tôt d'ici à 10 jours, au plus tard le 25 janvier, et les échéances restent ainsi très serrées pour tous. Et les dernières déclarations des chefs de partis de la majorité, qui ont affirmé qu'ils restent dans l'attente de la décision que devra prendre le président Bouteflika quant à sa candidature ou non pour cette élection, ont beaucoup plus assombri les attentes de l'opinion publique. Ainsi que l'opposition, dans la mesure où pour la majorité présidentielle leur candidat reste M. Bouteflika et donc, en principe, que rien ne devrait empêcher cette élection de se tenir. Amar Ghoul a confirmé cette option après avoir longtemps défendu celle du report et les dernières sorties du FLN et du RND sont les symptômes évidents que rien n'est encore joué, mais qu'il est impératif que tous les acteurs politiques observent un certain nombre de règles et évitent les chemins escarpés de la démobilisation des électeurs.

La phase actuelle reste également sensible car au-delà de cette échéance politique, qui devrait déterminer la marche du pays pour les cinq prochaines années, il y a toute la dimension économique qu'il faudrait gérer et maîtriser au mieux des intérêts de la nation à un moment où la seule source de recettes du pays, le pétrole, est au creux de la vague. Les prévisions des économistes sur un pétrole à moins de 60 dollars en 2019 sont glaçantes pour l'avenir des finances du pays et un pétrole à 50 dollars est tout autant dramatique pour l'économie nationale qui a fonctionné pratiquement en 2018 sur les tirages de la planche à billets. Des prévisions économiques préoccupantes, d'autant qu'aucune embellie n'est annoncée pour les deux prochaines années sur le plan économique, mais un début de restrictions des dépenses publiques, de production d'énergie, d'exportations pétrolières et gazières. Des indices économiques inquiétants qui doivent être corrigés par le gouvernement au moins durant le premier semestre, d'autant que la demande sociale en équipements, infrastructures scolaires, de santé, de logements devrait gonfler. Le tout dans un package qui dépend dans une large mesure de l'avenir de cette présidentielle.