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Pas d'impôt pour les pauvres riches

par Moncef Wafi

De Zighoud-Youcef, l'Hémicycle, pas la commune de Constantine, la commission des Finances et du Budget de l'APN a supprimé l'impôt sur la fortune. En deux mots, les députés de la majorité ont décidé que les riches, dont ils font déjà partie pour certains, ou qui le deviendront pour les autres, ne devraient pas payer cette taxe.

Les Algériens d'en bas apprécieront le courage de leurs représentants, démocratiquement élus, qui sont allés contre la volonté de l'Etat de soutirer de l'argent à ces pauvres petits richards algériens.

Ces députés, du haut de leur tribune, ont vaillamment défendu le peuple, de derrière les tranchées, rampant sous les barbelés et essuyant les tirs ennemis des troupes du PT, du RCD, du FFS et de leurs alliés. Des parlementaires, au risque de leur vie, qui ont combattu pour que vivent les yachts et résidences de luxe de ces Algériens d'en haut ! Qu'on leur accorde une augmentation de prime, un passeport rouge, des frais de voyage ou des promotions internes ! Qu'on érige des stèles à la gloire de leur bravoure, qu'on baptise des villes en leurs augustes patronymes et qu'on frappe la monnaie nationale à leurs effigies !

Le Parlement, censé représenter un contre-pouvoir, n'aura jamais mérité cette mission qu'aujourd'hui, en freinant une loi, même à forte concentration populiste, se dépouillant des dernières illusions qu'aurait pu nourrir le peuple à son encontre. La majorité de ses représentants, selon la version algérienne des élections, a démontré de nouveau toute son inutilité dans la défense des intérêts de la masse populaire. Pire, l'existence même de ce Parlement représente un grand danger pour la démocratie en Algérie, si d'aventure elle a existé un jour. Des députés, dont les profils font sourire jaune, représentent ce qu'il y a de plus noble dans une République : un Parlement.

De par le monde, cet espace d'expression est réservé aux voix populaires dont la première mission est de représenter le citoyen lambda. Ailleurs, pas chez nous où le mandat de cinq ans est synonyme de rente et d'une carte de visite pour faire fortune. Il ne serait pas plus mal pour les Algériens que l'on décide, quelque part, qu'il est temps de fermer l'Hémicycle à double tour et de nous débarrasser d'un pastiche de démocratie. Qu'on renvoie tous ces députés à leurs occupations, qu'on fasse l'économie de milliards de centimes dépensés sur des gens qui ne servent à rien et qu'on ne nous fasse plus perdre notre temps à attendre d'eux la solution à nos problèmes. Alors, elle n'est pas belle la vie en démocratie !