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L'après-2017

par Mahdi Boukhalfa

Le ministre de l'Intérieur rassure. Le renouvellement par les urnes des assemblées populaires communales et de wilaya, un processus dans lequel sont engagés l'ensemble des partis politiques, sera transparent. «La voix des électeurs sera respectée», a affirmé le ministre. Dans l'absolu, c'est de bon augure pour ces élections locales qui n'ont pas tellement emballé l'électorat, ni suscité un quelconque intérêt à des sorties de leaders politiques qui n'ont pas vraiment développé une stratégie de nature à réconcilier l'électeur algérien avec la politique.

A moins de trois jours pratiquement de cette échéance électorale, les vraies questions se posent et sont dès lors évacuées des petits calculs électoralistes des uns et des autres. Cette échéance est importante, au moins pour deux grandes raisons: la première est qu'elle sera un test vital pour jauger l'intensité du désamour des Algériens avec les politiques, sinon avec la vie publique tout court, autrement dit s'il y aura ou pas un fort taux d'abstention. Là, les pouvoirs publics ne semblent pas inquiets, ce que confirme le ministre de l'Intérieur. Par contre, la participation à ces «locales» donnera le ton à ce que sera la prochaine élection présidentielle dont l'échéance n'est qu'à deux «bornes». Bien sûr, il y a les partis «lièvres», comme cela se fait dans les grandes compétitions d'athlétisme, qui chauffent «le bendir» pour ces élections locales, mais cela n'en reste pas moins une étape cruciale dans le processus de démocratisation de la vie publique dans notre pays.

Sur le papier, les intentions du gouvernement sont ambitieuses, comme incruster dans les mœurs de tout un chacun les principes de la démocratie participative, du respect des adversaires politiques et de l'assainissement complet des voies et des moyens pour l'accession au pouvoir. La question de l'alternance au pouvoir se pose aussi, aujourd'hui plus que jamais, en des termes simples. Est-ce que le pouvoir actuel est prêt à jouer le jeu du libre accès, à faciliter sinon l'accès au pouvoir, du moins à partir en respectant le verdict des urnes ? Autant de questions qui se posent dès aujourd'hui, avec ces élections locales, dans l'antichambre de la prochaine présidentielle. M. Bédoui a en quelque sorte éludé cette question qui anime les débats au sein de l'opposition en rappelant qu'il y a des «dates constitutionnelles». Autrement dit, à chaque période «sa peine».

L'ouverture du jeu pour les élections locales, avec des garanties formelles et officielles que l'administration ne va pas s'impliquer dans cette course aux 1.541 assemblées populaires communales et aux 48 APW, sera respectueuse du verdict des urnes. C'est déjà une garantie solide pour que la voix des électeurs, qui auront voté, sera comptabilisée. Après, il y a cette échéance de 2019 qui commence à prendre de l'ampleur avec des déclarations qui veulent préparer les Algériens à un 5ème mandat du président Bouteflika. Pour l'heure, la priorité est consacrée aux élections locales, sur lesquelles ceux qui vont voter pour «voter» veulent en faire un premier marchepied pour l'avènement d'une vraie démocratie dans le pays. Le reste, 2019 ou autre chose, ne sera que volonté ou pas de toutes les bonnes volontés de sortir le pays du guêpier de la crise de confiance, de la sinistrose, du désespoir.