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Indifférence et défiance
par Ahmed Farrah
Les députés
de la nouvelle Assemblée nationale ont élu leur président. La nouveauté, cette
fois-ci, réside dans la forme qui a permis de consacrer le trônant au sommet du
perchoir. Tout s'est passé dans une apparence démocratique et transparente
comme les urnes utilisées pour la première dans l'histoire de l'hémicycle. Un
bémol tout de même : le nom du futur président de l'Assemblée était connu
d'avance. Même si, à un moment donné, le parti FLN avait envoyé des
interférences pour créer un certain suspense et faire un écran de fumée
derrière lequel on a fait croire qu'il y avait plusieurs options. La rapidité
avec laquelle le RND a soutenu M. Saïd Bouhadja
laisse bien entrevoir que l'ordre de son investiture viendrait de la présidence
de la République. C'est un non-événement pour la majorité de la population qui
avait d'abord exprimé sa défiance lors des élections législatives en boycottant
massivement le scrutin et en votant blanc. Le divorce semble consommé entre la
classe politique et le peuple qui ne la reconnaît pas. Les signaux qui auraient
pu être envoyés à cette population ne lui sont pas arrivés. Elle les attend
toujours et se voit encore mineure aux yeux de ceux qui ne veulent pas se
rendre compte qu'il est temps de la laisser prendre son destin en main. A
l'heure où les nations ont fait confiance à leurs jeunesses pour les propulser
dans le monde de demain, des pays se sont résignés à vivre dans le passé qui
les tire vers l'arrière à cause de leur autisme. L'Algérie ne manque pas de
talents, il suffit de leur donner la chance pour qu'ils puissent s'éclater. Ils
le démontrent partout là où ils trouvent les conditions de l'exprimer, que ce
soit en Europe, en Amérique du Nord ou au Moyen-Orient. Les Algériens sont dans
l'attente d'un renouveau qui renforce leur cohésion et réalise leurs
aspirations pour sortir de la fatalité de la redondance cyclique. Il est très
possible de leur exaucer ce désir si la sagesse l'emporte aux dépens des
calculs de ceux qui cherchent à arrêter le temps pour s'en cacher derrière.
Comme disait Frantz Fanon : «Chaque génération doit, dans une relative opacité,
découvrir sa mission, la remplir ou la trahir», et remplir sa mission, c'est
aussi savoir préparer ses enfants pour la relève, comme il s'est fait ces
derniers temps de l'autre côté de la rive même si l'artifice a gâché un petit
peu l'originalité.
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