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Tebboune, pour quel gouvernement ?

par Moncef Wafi

Quel gouvernement pour la crise ? 20 jours après les législatives, les Algériens connaissent enfin l'identité de leur Premier ministre. De sa désignation dépendra la prochaine vision économique de l'Algérie, puisque de politique on n'en parle plus dans un pays qui n'en fait pas. Ou si peu. Ce qui est certain, c'est que les rumeurs n'ont pas manqué d'alimenter la chronique quotidienne reconduisant tantôt Sellal à son poste, envoyant d'autres noms au palais du gouvernement comme acquis ou presque. Des ballons-sondes ont même été lâchés dans le ciel pour tâter le pouls de l'opinion publique et des autres, en face, et mesurer les réactions suscitées. La dernière interview de l'ancien ministre de l'Energie, Khelil, qui se projetait dans le prochain gouvernement comme Premier ministre ou simplement ministre, a contribué à cette sensation d'attente des décisions d'en haut. En fin de parcours, le nom de Abdelmadjid Tebboune est sorti, lui, le ministre plein de l'Habitat et du Commerce par intérim. Il avait été déjà cité dans la short list des futurs locataires du palais du gouvernement et aura la lourde tâche de conduire son équipe ministérielle pour redresser, ou essayer du moins, la barre.

Connaissant les relations tendues entre Tebboune et certains ministres de Sellal, il est fort à parier qu'on va assister à un remaniement en profondeur du gouvernement avec des départs aussi attendus qu'espérés. Le nouveau Premier ministre, qu'on présente aux antipodes de son prédécesseur, n'avait pas forcément la primeur dans la sphère décisionnelle, opposé sur plusieurs dossiers à Sellal, mais son caractère trempé et son style à la hussarde font de lui un Premier ministre de crise, attendu là où les autres ont failli. La gestion des dossiers comme celui de l'AADL, se heurtant frontalement au ministre des Finances, ou celui des licences d'importation, avec en face Sellal et Bouchouareb, lui a servi de tremplin pour se positionner en force dans l'esprit d'El Mouradia. Reste à connaître le nom et le profil de ses ministres surtout le retour à l'actualité de Khelil qui se repositionne. En posant ses conditions, ce dernier enfonce le clou de la certitude et envoie un message fort aux décideurs, se plaçant dans la peau du sauveur de la patrie.

Alors Chakib Khelil ministre des Finances ? L'ancien ministre de l'Energie sait pertinemment que sa nomination pourrait nourrir des projections pour 2019, lui dont le nom est murmuré, pour l'instant, comme l'un des prétendants à la succession de Bouteflika. Reste à connaître maintenant la réaction de l'autre côté des tranchées puisque de l'avenir de cette offre de service, on devinera la tendance actuelle du rapport de force qui se joue ailleurs. Le prochain gouvernement doit être capable de sortir le pays de la crise en optant pour les choix les moins douloureux pour les Algériens. Car de sacrifices, le peuple n'en peut plus, lui qui est le premier à payer les conséquences d'une incompétence managériale. Le prochain gouvernement ne doit pas céder aux tentations des prix et des taxes même si, encore une fois, il aura les coudées franches avec une majorité parlementaire acquise.