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A court d'argent?, à court d'idées !

par Abdelkrim Zerzouri

Le vieux dicton bien algérien qui dit : «Quand la ménagère est sans le sou, elle demande à son mari de se rappeler qui leur doit de l'argent », semble trouver un terrain d'attache au niveau du gouvernement. Confronté à une trésorerie sévèrement affectée par la chute des prix du baril de pétrole, le gouvernement cherche, ces deux dernières années, à renflouer ses caisses par tous les moyens, afin de parer au plus pressé dans ses dépenses, et après avoir usé de toutes les formules, sans vraiment réussir à dépasser la crise, on arrive au point d'avancer la date de mise en vente des vignettes automobiles pour récolter quelques dinars de plus. L'opération de vente des vignettes automobiles a été avancée, cette année, de deux mois par rapport à l'année écoulée, ou d'un mois si l'on tient compte de la période généralement consacrée à cette opération, soit le mois d'avril, de toute évidence dans le souci de tirer profit dans l'immédiat de cette cagnotte « comptabilisée » d'office dans l'année 2017. Pourquoi attendre plus encore alors que la vignette est disponible, vu que les mêmes prix de 2016 sont maintenus, et qu'il ne fallait de ce fait qu'appuyer sur le bouton, dès le 1er janvier 2017, pour imprimer quelque 8 millions de vignettes, sur la base du parc automobile recensé. Pour rappel, l'année passée, on a dû attendre la parution de la loi de finances 2016 sur le Journal officiel, à cause de la hausse du prix de la vignette entre 16 et 40%, retardant dans ce contexte la mise en vente jusqu'au mois de mai. C'est que dans le calcul du gouvernement, tout est facile, on appuie sur le bouton pour imprimer, on fixe un délai pour le paiement et on rajoute des amendes à quiconque s'attarderait de s'acquitter de cette charge. Et le pauvre automobiliste dans ce mouvement ? Broyés dans un engrenage de hausse fulgurante des prix, un pouvoir d'achat qui va de mal en pis, les Algériens sont contraints de racler le fond des poches pour subvenir aux besoins primordiaux. Certes, les automobilistes doivent l'acheter cette sacrée vignette au mois de mars, d'avril ou de juin, mais la charge ne sera pas honorée cette année sans difficulté. D'ailleurs, les Algériens n'ont jamais été en odeur de sainteté avec cette vignette, depuis le temps de son instauration en 1998. Dans le temps, devant la première assemblée pluraliste de l'APN, l'ex-ministre des Finances a expliqué que l'argent récolté à partir de la vente des vignettes devait servir à payer les retards des salaires des gardes communaux, et que cela ne devait pas se reproduire. Mais, près de deux décennies après, la vignette est toujours suspendue sur la tête des automobilistes. Et même si l'on semble s'y être habitué, c'est la taxe la plus haïssable par les Algériens. Car, ils ne voient pas, ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent s'acquitter de cette taxe ? Si c'est pour la réhabilitation des infrastructures routières et autoroutières, à laquelle on affecte, théoriquement, 35% de la cagnotte, on n'a qu'à voir l'état lamentable de la chaussée pour se convaincre de la duperie. 1.100 milliards de centimes ont été récoltés en 2015, soit avant la hausse du prix de la vignette, et il faut tenir compte, donc, d'un plus entre 16 et 40% pour l'année 2017. Une somme dérisoire par rapport au déséquilibre financier créé par la chute des prix du baril de pétrole. Cela pourrait, dans l'urgence et à court terme, combler des trous, mais cela ne peut régler la crise dans le long et moyen terme, qui exige, elle, des idées, de l'imagination et l'exécution de programmes qui en découleraient, créateurs de richesses.