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Jeu de quilles !
par Abdelkrim Zerzouri
Il
a suffi d'une hausse des tarifs de loyer des biens de la municipalité pour que
les commerçants, d'une seule voix rugissante, fassent comprendre aux pouvoirs
publics qu'ils rejettent la décision en question, qualifiée d'« abusive ». Les
commerçants concernés, en activité à Constantine- ville, ont même lancé un mot
d'ordre de grève de trois jours, qui a connu une adhésion totale. Un exemple de
mobilisation quasi générale contre la cherté des loyers qui a laissé perplexe
plus d'un citoyen. Les pouvoirs publics également ne s'attendaient pas à faire
face à une telle levée de boucliers de la part des commerçants, en majorité
syndiqués au sein de l'UGCAA, une organisation qui n'a jamais dérangé outre
mesure de par ses positions « sages », à la limite conciliantes, face à divers
problèmes vécus par ses adhérents. L'UGCAA a été, ainsi, confrontée à un
véritable dilemme lorsque les commerçants ont engagé le bras de fer ultime avec
les autorités locales. Comment peut-elle être du côté de ses adhérents, qu'elle
a soutenus dans leur revendication, sans cautionner la grève à laquelle ils ont
recouru malgré son opposition à cette forme de protesta ? Le dilemme est resté
entier pour l'UGCAA, qui cherche maintenant à récupérer le mouvement de
contestation des commerçants, après avoir trouvé l'ombre de solution à l'issue
d'un grand rassemblement organisé devant le siège de la wilaya, où ils ont été
reçus par le chef de cabinet du wali, qui a réussi à désamorcer la crise en
promettant de réviser le taux des loyers adopté par la commune. Et là, on tombe
sur la tête dans un cercle vicieux. Les élus locaux de l'Assemblée populaire
communale avaient, dans un premier temps, adopté une délibération qui fixe des
hausses de loyer raisonnables, mais la tutelle, la wilaya, a rejeté la
délibération en question, la renvoyant devant l'Assemblée avec une note bien
précise, la hausse des loyers des biens de la commune doit être plus
conséquente. C'est de cette façon que les élus se sont réunis une nouvelle fois
et ont pondu une nouvelle délibération avec des hausses de loyer atteignant
jusqu'à 700% !? Prouvant clairement qu'ils ne sont pas
ce qu'ils sont censés être, qu'ils jouent simplement le rôle de fonctionnaires
emmitouflés dans une tenue de représentativité citoyenne. Là ne s'arrête pas la
mascarade. Car, en bout de piste, la grogne des commerçants est refroidie par
une ??réaction-promesse'' surprenante de la tutelle, la wilaya, en faveur d'une
révision à la baisse des loyers de la discorde ! La wilaya, qui avait forcé la
main aux élus locaux pour augmenter les tarifs de loyer à une telle hauteur
pour faire plaisir au Chef, consent maintenant à revoir sa position. Du moins,
c'est ce qu'on a laissé entendre aux contestataires lorsqu'ils ont été reçus au
cabinet du wali. Reconnaître une faute n'est pas un péché, encore faut-il ne
pas enfoncer le clou à une Assemblée communale qui sort de sa mandature avec
des bleus partout le corps. Enfin, entre les uns et les autres, il y a ce
citoyen qui reçoit des coups de partout dans ce jeu de quilles. Un citoyen qui
a été très étonné de voir ces commerçants en colère aller vers la grève, à
cause d'une hausse des tarifs des loyers. Alors que, lui, dindon de la farce,
il subit les hausses des prix depuis des années, sans jamais faire entendre sa
voix ! Un citoyen qui n'a jamais fait dans la mobilisation pacifique et sereine
pour tenir tête à la hausse des prix fixée par les commerçants, en lançant par
exemple un mot d'ordre de grève du panier, rien que pour une seule journée.
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