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Et un siège de député, un !

par Moncef Wafi

Non au candidat erratique, c'est en substance la ligne rouge que se sont tracée les partis politiques pour la confection de leurs listes électorales. A tout seigneur tout honneur, le siège de député étant le plus convoité des trois. Les APW et APC, même si elles ne sont pas dédaignées, ne sont pourtant pas le clou du menu. Mais à ne pas négliger, faute de mieux. Alors quid de la confection des listes des candidats et des conditions d'éligibilité qui diffèrent d'un sigle à l'autre ?

Pour le RND de Ouyahia, tout nom ayant des accointances avec le terrorisme est banni. Là, on retrouve la période éradicatrice de l'ancien chef du gouvernement. Pour Ould Abbès du FLN, tous ceux qui se sont opposés au quatrième mandat de Bouteflika sont exclus de facto. L'homme est en pleine symbiose avec l'essence même de sa présence à la tête du parti. Et il le revendique haut et fort. Pour le RCD et le PT, interdiction d'importer des candidats qui de surcroît doivent jouir d'une ancienneté militante et d'une activité qui ne saurait être sur courant alternatif. Exit donc la chance aux jeunes loups du parti qui voudront faire leurs preuves. Le FFS croit lui au CV du candidat plus qu'à sa carte d'adhésion. Bref, les partis ont installé une commission chargée de traiter les dossiers des candidats qui doivent se bousculer au portillon des formations de la majorité et de ses satellites, persuadés de décrocher la lune pour peu qu'ils se placent parmi les six, disons sept premières places dans la liste. Si la députation est réservée aux cadres des partis, privilèges internes obligent, les locales peuvent servir de tremplin aux plus audacieux à condition de ne pas devenir une statistique parmi les élus poursuivis par la justice. En effet, si les députés bénéficient de cette sacro-sainte immunité parlementaire qui fait courir ministres de la République, notables et affairistes de tous bords, il en est autrement pour les élus locaux aussi perméables à la justice qu'un tee-shirt en plein hiver. Jusqu'à août 2015, 300 maires et autres 1.400 élus locaux, sur les 26.000 répartis à travers les différentes municipalités du territoire national, sont poursuivis en justice, avec comme triste record celui du pire mandat électoral depuis l'indépendance du pays.

Ainsi, si des garde-fous sont mis en place et des critères d'honnêteté, de crédibilité et de compétence sont à cocher dans les demandes de candidature, c'est plus pour amuser la galerie et faire comme si. De loin, le citoyen, désabusé et blasé, observe tout ce ramdam, ces tractations et les barèmes d'éligibilité. Une mercuriale politicienne convoquée tous les cinq ans pour un simulacre de parlement démocratique. Combien coûte alors une troisième place, une quatrième ainsi de suite, les deux premières étant purement politiques ? Les autres, c'est pour faire du business.