Les
responsables politiques du pays ont retrouvé de plus belle leurs voix qui
s'étaient éteintes, après une longue absence de causeries. Subitement, ils font
de la communication avec des déclarations fracassantes sur les scandales
économiques à répétition que connaît la scène politique. Dans ces moments de
mauvaise passe, les gouvernants ont guéri leur aphonie et les langues se
délient. Pour marquer leur présence sur le terrain, les membres du gouvernement
communiquent pour une meilleure transparence. Les récurrentes affaires de
malversations débordent de la table de décharge. Des dossiers oubliés dans le
fond des tiroirs poussiéreux font l'inédit. Les délits de surfacturations et le
non-respect de cahiers des charges, l'affaire Dounia parc, pour ne citer que
ces nouvelles fraîches, alimentent dans le présent la rue populaire et font la
une de la presse nationale. L'Etat semble avoir été roulé dans la farine par de
simples marchands de voitures déguisés en concessionnaires. C'est un secret de
Polichinelle et la cacophonie fait rage. Tout le monde savait, dès le départ de
l'opération, que le loup était dans la bergerie pour s'en mettre plein la
gueule. Le sage dicton des chasseurs le confirme dans son expression, « li kariha dhib, hafadh'ha
sloughi » (ce que le loup a lu, le sloughi l'a appris par cœur). Les lois et
les garde-fous n'ont pas dissuadé les roublards. La classe politique n'a jamais
cessé de dénoncer le pillage et l'impunité qui profitaient aux contrevenants,
mais les malentendants ont fermé les yeux et se sont bouchés les oreilles pour
laisser cette espèce continuer à traire. Le danger était imminent et il
frappait déjà à la porte, il y a quelque temps. Le hic dans tout cela, et
puisque les coupables sont connus et désignés, qu'a-t-on fait judiciairement
pour qu'ils rendent des comptes rapidement ? Faire un simple constat des lieux
pour la forme, comme à l'ordinaire, n'est pas suffisant dans le fond.
Autrement, cette affirmation de la bouche des responsables du secteur n'est que
de la poudre aux yeux pour leurrer l'opinion comme d'habitude. Des mesures
draconiennes s'imposent pour donner une véritable crédibilité aux institutions
de la République. Tant que l'Etat n'aura pas agi concrètement en combattant
avec rigueur ces convoiteurs qui sabotent la croissance et l'économie, la
dénonciation restera comme un coup d'épée dans l'eau. La carence de l'Etat est
établie. Un dysfonctionnement, sans dispositif de contrôle ni de suivi, a
précipité toutes les actions politiques dans le mur. La mesure de marche arrière
décidée pour la levée d'interdiction et du retour à l'importation des véhicules
d'occasion n'est qu'un moyen de substitut aléatoire pour renflouer les caisses
vides de l'Etat et combler quelques trous dans le budget. L'interdiction et la
levée d'interdiction est une action philosophique des politiques en mal
d'intelligence. La crise est là ! Le mégotage est inutile et sans impact.
Remplacer le matériel roulant neuf par du vétuste n'est pas une très bonne idée
pour aller de l'avant. Au contraire, c'est une mauvaise nouvelle pour les
défenseurs de l'environnement. Les routes vont être submergées par les tacots
pollueurs et le réseau routier dépassé sera plus qu'infernal pour les routiers
stressés. On fait simplement du populisme, mais en réalité, on ne règle rien.
Le système est dépassé par les événements et la chute du prix du baril a porté
un sérieux coup aux recettes principales du pays. Le système politique est pris
au dépourvu. Il semble que les mauvais élèves n'ont pas appris ni retenu les
leçons du passé. Ils tentent aujourd'hui de cacher le soleil avec un tamis.