La convoitise est un vilain défaut, chez les opportunistes qui
guettent l'occasion propice pour détourner à leur profit des choses qui ne
leurs appartiennent pas. Le sage proverbe leur répond : «T'mâ,
ikhasser t'bâ» (La
convoitise gâche le naturel). Généralement, ce sont toujours les plus fourbes
qui parviennent dans leurs sinistres calculs pour convoiter les affaires
louches. «T'mâ», c'est la folle envie de s'approprier
un bien par tous les moyens qui sont sous la main. Les convoiteurs sont animés
par une idée fixe du désir de prendre. Ils épient, ils se renseignent et ils
enquêtent pour être les premiers à saisir la prise. «Tamâ»
est un profiteur qui n'a pas de mérite. C'est un obsédé qui tente d'obtenir
avec astuce des privilèges qui ne sont pas de son rang. Le convoiteur est un
cupide qui n'hésite pas à marcher sur des cadavres pour réaliser ses plans. «T'mâ» est un vice des plus fins. C'est une perfidie des
doubles faces qui sont là où on ne les attend pas. Les tentations diaboliques
poussent cette espèce à imaginer des idées singulières et des circonstances
pour faire aboutir sans scrupules leurs intentions. «Tamâ»
est du genre flibustier. Il est hanté par le mal de la convoitise. Il a une
forte envie de conquérir des avantages avec des sentiments trompeurs. L'heure
est à la convoitise des biens publics. Dans le présent, le pays est convoité
par les puissants. On dépouille les biens relevant du domaine public, (Espaces
verts, biens immobiliers, fonciers, plages matériels?) qui sont cédés aux plus
nantis à des prix dérisoires avec la complicité de certains. Des procédures de
marchés publics qui arrangent les influents qui sont à l'affût. «T'mâ, khla el bled», le patrimoine
foncier est convoité et dilapidé au profit de la mafia. Des espaces publics ou
scolaires sont détournés ou squattés à tout moment. Dans ce bled on ne protège
pas et on n'a pas une politique de préservation des espaces verts pour le
bien-être urbain. L'esplanade de la solidarité étrangère qui était dédiée aux
victimes du tremblement de terre (Chlef ex El- Asnam)
n'a pas été épargnée ni respectée pour la mémoire nationale et internationale
qu'elle représentait. Sa stèle commémorative n'est qu'un lointain souvenir et
sa superficie diminue d'année en année. Grignotée, et abandonnée aux travaux
d'aménagement d'un chantier qui n'en finit pas plus de 60 mois après son
lancement. Sous d'autres cieux, se sont les espaces
verts qui prolifèrent pour le bonheur et la joie des habitants. Ici ce sont les
rôdeurs qui se multiplient et qui convoitent les espaces de la société. La
convoitise fonctionne dans le pays par convoi de prédateurs qui n'attendent que
l'heure propice pour sauter sur l'affaire. Les candidats de partis politiques
sont aussi des convoiteurs de postes dans des élections nationales ou locales,
ils visent des mandats à n'importe quel prix, juste pour être en tête de liste,
alors qu'ils n'ont aucune compétence pour remplir cette mission. Le grand «tamâ» du quartier n'est pas porté dans le cœur des habitants,
il ambitionne à la fonction de législateur, «rah tamâ yediha !» disent les
bavards. Le pays a perdu la raison. Et les escrocs guettent la fortune qui n'a
pas de propriétaire «Rezk li mândouche
mouleh». Autant la fortune est immense et colossale
autant les «tamaïne» en veulent plus. On chasse le
naturel et ce sont les mêmes convoiteurs qui reviennent au galop. Le système
politique dans ses reformes tape à côté de la plaque. Il encourage les «tamaïne» et méprise «el-khadamine».
Dans un autre sens proverbial, on dit aussi ; «Dja ias'â,wader tes'â» (il a voulu
posséder, il en a perdu neuf). Entre «El kanâ we tamâ» (le satisfait et le
convoiteur), c'est le grand écart dans l'esprit et la culture. Les nouveaux
affamés de la société ne sont jamais repus dans la vie. Ils sont otages de
leurs visions démesurées de posséder plus que les autres. «T'bâ» (la délicatesse) est une qualité rare dans le présent.
Elle est malmenée par les nouveaux parvenus qui sont encouragés par
l'indifférence appliquée par qui de droit?