C'est
l'histoire vraie d'une petite fille «oubliée» par ses parents dans une gare
routière, pleine à craquer de voyageurs anonymes en ce mois d'août propice aux
déplacements des vacanciers. Impardonnable comportement qui puisse nous faire
oublier une petite fille, d'à peine 3 ans, dans un endroit où des adultes ne
sont pas en totale sécurité. Ce n'est pas pour retourner le couteau dans la
plaie, mais il ne faut guère se voiler la face et reconnaître que la
responsabilité des parents est, parfois, entièrement engagée dans certains cas
de disparitions d'enfants. Cette histoire qui aurait pu se terminer d'une façon
dramatique, encore une qui nous pousserait à croire plus encore que nous sommes
dans une jungle, renseigne quand même sur cette démission morale de certains
parents, qui n'ont plus le souci de surveiller de près leur progéniture, ou de
compter leurs enfants et voir s'il y en a quelqu'un qui manque à l'appel,
lorsque leur nombre oblige de passer par une rigueur arithmétique.
Malheureusement, malgré l'énorme tapage médiatique fait autour des nombreuses
disparitions de petites âmes innocentes, certains semblent figés dans leur
ignorance, et n'ont pas retenu la leçon des monstres sous l'aspect humain qui
rôdent dans nos cités. Pitoyable. C'était dans la matinée du vendredi 12 août,
dans la gare routière Ouest, à Constantine (cité Boussouf), bouillonnante de
monde, et de bus qui prenaient les voyageurs les uns après les autres vers
différentes destinations, lorsque soudainement, les cris d'une petite fille attirent
la foule. En pleurs, elle ne pouvait que prononcer «papa» et «mama». Un cercle de curieux l'entoure et on commence
à crier à qui appartient la petite fille. Personne ne répond à l'appel ! Les
gens étaient horrifiés. On ne comprenait pas ce qui se passe. A-t-elle été
abandonnée par ses parents ? Fait-elle l'objet d'un enlèvement et ses
ravisseurs l'ont-ils abandonnée dans cette gare ? Tant de questions trottaient
dans les esprits, et l'absence de réponse a poussé tout le monde à la
défensive. On n'osait pas s'approcher de la petite fille. On appellera à la
rescousse, donc, des policiers en faction dans la gare. Ces derniers
l'entourent de toute la tendresse nécessaire, pour la calmer ; un policier
réussira à la prendre dans ses bras, et on commencera à sonder les pistes pour
retrouver ses parents. Quelqu'un aura l'esprit de recommander de lancer des
appels téléphoniques aux chauffeurs de bus qui ont pris leur démarrage à partir
de la gare. Après avoir réussi, difficilement, à obtenir les numéros de téléphones
des chauffeurs concernés, on commencera à les joindre un par un.
Les
chauffeurs, ou les receveurs des bus, se chargeaient de répercuter
l'information, incroyable et difficile à digérer, parmi les passagers:
« y a-t-il quelqu'un qui a oublié sa petite fille au niveau de la gare routière
de Constantine ?». Cela rappelle un peu le film «home alone», mais ce n'était
qu'un film, fait pour rire, et surtout pour tirer la leçon qui exige de prêter
attention aux enfants. Quatre ou cinq bus ont répondu par la négative, mais le
bus qui a pris la direction de Chelghoum Laïd, confirme. Il y a bien quelqu'un
qui a oublié sa petite fille, sa tendre chair, dans la gare. Un ouf de
soulagement, accompagné d'une vague d'indignation fera réagir la foule. Le père
arrive quelque temps après, l'air affolé, mais après quoi, il prend sa petite
fille et veut repartir; cependant les policiers
l'inviteront à passer au poste de police pour suivre les procédures d'usage. Et
dire que cela arrive dans un moment où la douleur ressentie par la population à
la suite de l'horrible sort réservé à la petite Nihel est encore brûlante dans
les cœurs.