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Makhloufi, un athlète qui cache le désert

par Moncef Wafi

Que penser de la participation algérienne aux Jeux olympiques d'été de Rio 2016 ? Faut-il attendre, comme l'a suggéré le président du Comité olympique et sportif algérien (COA), Mustapha Berraf, la fin de la compétition pour dresser un bilan exhaustif avec les fédérations participantes ou d'ores et déjà estimer qu'il n'y a pas lieu de la critiquer en l'absence d'affaires extra-sportives comme expliqué par le ministre des Sports, El Hadi Ould Ali ? Ce dernier considère que même si la participation algérienne n'a pas récolté les résultats escomptés, elle a honoré le pays sur le plan comportemental.

Dans son actualisation du slogan «l'essentiel c'est la participation», remis au goût du jour, il ira jusqu'à promettre de meilleurs résultats en 2020. Mais peut-on honnêtement faire pire que ces JO 2016 ? Personne ne pourra nous empêcher de nous faire notre propre idée sur le fiasco enregistré par l'élite sportive nationale incapable, dans sa majorité, ne serait-ce que de passer un premier tour. Les désillusions ont été nombreuses que ce soit pour les footballeurs éliminés dès les poules, le judo ou encore la boxe, potentielle discipline à médailles dans les prévisions nationales.

En attendant le double tour de piste final de Makhloufi, qui s'est couru hier avec peut-être une médaille au cou pour éviter à l'Algérie un zéro pointé, force est de reconnaître que ces jeux sonnent aussi creux que ceux de Londres où le même Makhloufi avait sauvé la face de tout un pays avec une inattendue breloque en or sur 1500 m. A Rio, comme à Athènes en 2004, on risque de ne même pas avoir cette joie qui a réconforté tout un pays avec son sport. Quoi qu'il en soit, performance sur 800 m ou pas, l'athlète ne peut pas à lui seul servir d'alibi à ce grand gâchis qu'est la politique sportive qui nous a conduits à faire de la simple figuration après avoir décroché des minima au forceps.

Où sont passées ces fortunes allouées aux fédérations pour avoir au bout un cycliste abandonner parce que la route s'élevait trop ou un gymnaste et des escrimeurs se faire éliminer dès les premières touches. Avec 65 athlètes engagés, l'Algérie est en train de passer à côté alors que des pays moins nantis avec une représentation minimale ont déjà décroché une ou des médailles. N'est-il pas temps de demander des comptes à qui de droit, des bilans chiffrés et des explications sensées et objectives loin de la démagogie gouvernementale ? Tout ça ne sera que littérature si Makhloufi s'illustre sur son 800 m en attendant le prochain fiasco de Tokyo 2020.