Harki,
le terme est en train d'être désacralisé, on le vide de sa symbolique et on le
dévoie, à force de le servir à toutes les sauces en haut lieu. Pour Saâdani du FLN, le harki est l'élu qui vend sa voix pour les
prochaines élections sénatoriales. Pour Tebboune, le
ministre du logement, le harki est celui qui critique la mosquée de Bouteflika. Non messieurs, si la République ne réagit
pas à ces sorties de contexte, d'autres voix s'élèvent pour crier, haut et fort,
à la trahison. Celui qui vend sa voix, monsieur Saâdani,
est tout simplement un petit opportuniste venu au parti pour faire des
affaires. Celui qui critique la mosquée de Bouteflika,
monsieur Tebboune, n'est ni un athée encore moins un
impie. Une mosquée à un milliard d'euros, même si elle a une porte dérobée qui
mène directement au paradis, est un non-sens ; pour rester gentil ; dans un
contexte de crise économique aiguë. Arrêtons de qualifier de harki le premier
venu pour ne pas vider le terme de sa substance. Ce n'est pas parce qu'on a
trompé sa petite copine qu'on est harki. Ce n'est pas pour avoir dénoncé un
crime ou appelé le 15-48 qu'on le devient. On n'est pas harki parce qu'on a
voté contre Bouteflika ou applaudi l'Allemagne après
son match contre l'Algérie, au Brésil. On peut avoir une autre opinion, être
opposant sans pour autant être un bouchkara. Le harki
est celui qui a vendu son pays pendant la guerre de Libération. C'est celui qui
a collaboré avec l'occupant français de derrière un bureau ou sous une cagoule.
C'est celui qui a porté les armes contre ses frères et qui les a vendus contre
une solde et une pension plus tard. Les harkis, ce sont ces fameuses familles
«grandes amies de la France»,
ces bachaghas et caïds, supplétifs de l'armée coloniale. Les harkis d'hier et
d'aujourd'hui sont pareils, n'était-ce le temps qui les sépare. Vendre
l'Algérie pour un toit ailleurs, une nationalité de rechange et une retraite
dorée. Trahir les principes du 1er Novembre et prétendre le monopole du nationalisme.
Les harkis ont été et sont en Algérie, prêts à se venger pour leurs familles.
Alors messieurs, arrêter de distribuer du harki, à droite et à gauche,
restituer la vérité du terme pour que nul n'oublie. Le pardon, peut-être, mais
la falsification de l'histoire, jamais.