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Aimez-le SVP !

par El Yazid Dib

Quand on aime son pays, on ne doit plus penser à l'avenir de sa petite personne quand bien même grandie dans la vision des autres. Tout ce qui se passe et se dit n'a pas l'air d'exprimer ce que l'on doit à cette terre si riche et tant appauvrie par l'enrichissement de ceux qui la médisent. Les bousculades dans l'événement forcent la création de conviction du pour ou du contre. Ils se chamaillent, ils se tordent le cou, ils sont loin des méninges profondes de cette Algérie aussi profonde que ses crises. A l'une d'elles viennent s'ajouter les humeurs et les recentrages, les racolages et les enrôlements. L'on sent que tout le monde, des créateurs d'avis aux procréateurs de décisions, est semble-t-il sommé de s'introduire dans l'une ou l'autre opinion. Alors que dans le principe, l'heure reste à se réinscrire davantage dans cet amour national perdu et qui s'évapore au sein des luttes précaires lesquelles auront un jour ou l'autre une place à l'ombre de l'histoire. A l'instar des péripéties subies dans la chair de ceux tous disparus qui, victimes ou bourreaux, les ont allaitées.

L'hémorragie des scandales qui se débite n'arrange que les diagnostics maladifs et hostiles à une guérison terminale. Si la nation est malade, son corps social traumatisé, ses coffres vidés, ses poches trouées, c'est que les soubresauts cycliques qui secouent toute la maison n'ont pu trouver la légendaire contre-attaque d'un peuple ayant vu le pire.

Si la bonne rétribution par la grâce d'un baril pétrolier mis à contribution savait faire boucher les luettes et clouer les becs, la sécheresse qui se pointe n'irait qu'en tarissant le confort et la quiétude de tous les indices. Que ceux qui manient les volants, tentent de tracer la bonne feuille de route, de choisir le meilleur chemin, d'éviter les péages et les pannes onéreux et d'aimer surtout dans leur conduite les passagers à bord en les rassurant de la bonne destination. Ne pas parler au chauffeur, ne pas gêner la circulation, préparer sa monnaie en la vérifiant, oblitérer son ticket, laisser la place aux sièges à priorité n'est-ce pas là des règles du voyager-ensemble ? Sauf qu'à son tour, le staff conducteur demeure autant tenu par la rigueur et le respect du contrat de transport.

L'Algérie est un pays que se partage tout le peuple. Les clans naissent de l'accumulation des enjeux et se disloquent de la disparition des intérêts réciproques. Ils crèchent là où la concurrence est prise pour rivalité et le brio pour une escroquerie. Un ministre, quel que soit son verbe, reste une institution, un investisseur reste un créateur de richesse quelle que soit sa fortune. Ainsi, le verbe infinitif ou incisif peut, sans la vouloir exciter une conflagration.

La divergence d'options à résorber le climat délétère dans toute la dimension nationale qui transperce la société, a commencé à nourrir les appétits pour une échéance que l'on voudra abrégée. Alors que les préceptes de la légitimité doivent être respectés, l'égalité sociale garantie, il est impensable qu'au nom d'une crise de fonds, l'on force les autres à creuser le fond? des abîmes et du dénuement. Seul le talent rapporte de l'innovation et le génie cultive l'opulence dans les champs les plus indigents. Le robinet bancaire, s'il coule pareillement à tous, tous sauront sans nul mérite remplir le seau. Alors, ce beau pays qui a fait des noms, des raisons sociales, des labels et des groupes est plus vieux, plus aisé, plus clément, plus résistant, plus puissant et tenace que toutes les entités et les marques déposées. Aimez-le SVP !