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Donc Ouyahia a parlé, on s'y est intéressé un peu, mû par
la curiosité, puis on s'est endormi. Long, gros, flasque, sans vertèbres ni
croyances, abasourdi par la paix qui ne mène qu'à l'oisiveté. On sait ce qu'il
faut savoir depuis Gibraltar : il n'y pas d'issues, ni d'escaliers, ni de
changement par les urnes ou les armes. Lu dans un journal : des détenus rêvent
de décrocher le bac. Pourquoi ? Pour devenir avocat ou pour devenir marin. Là,
on comprend mieux. C'est le même en prison : la vengeance ou la liberté.
Passons. Belkhadem ? Rien d'intéressant depuis des semaines : on attend sa
dissolution et il attend la dissolution de l'Algérie. Voilà le pays : c'est un
pays où le parti, un parti, ne dépend pas de sa majorité ou de ses avis, mais
de son chef. Cela s'appelle un appareil. L'Algérie est ce qui vient de haut,
d'Alger et qui va s'atténuant comme un filet d'eau vers le bas. Belkhadem sait
qui le paye, qu' il est l'homme de qui (à garder la phrase tordue) et qui va
gagner à la fin. Il sait comment cela fonctionne et qu'il n'y a pas de parti et
de régime, en même temps, sur le même trottoir. Et les autres ? D'abords les
ministres : en trois catégories : ceux choisis, aimés, amenés et salariés et
méprisés (curieuse relation justement) par Bouteflika directement. Ce sont de
vrais premiers ministres, en même temps que Ouyahia. Ils ne dépendent pas de
lui, l'écoutent à peine et font ce qu'il ne dit pas. Il le sait et eux savent
qu'ils sont les hommes d'un autre. De Bouteflika ou de l'autre Bouteflika,
souvent. Ensuite les ministres techniques. Genre Maire de plusieurs Alger à la
fois. Ils sont des techniciens, intendants. Ils vont partir. Ensuite les
ministres secondaires, venus et nommés pour illustrer soit le féminisme de la
Présidence, soit son équilibre régionaliste, soit les amitiés entre centres de
décisions, soit la puissance d'un clan ou d'un autre, soit une zaouïa et pas
une autre. La cartographie piège encore une fois la nomination d'un nouveau
gouvernement et cela tarde mais le pétrole coule, même si l'Algérie coule en
même temps. En Algérie, le Dey a toujours souffert des Beys et des janissaires.
Qui sera premier ministre ? Le choix se pose entre Ghoul et Ouyahia.
Le second est un bon verrou, le premier est une forme d'ouverture. Le premier a séduit les gens qui décident, le second séduit Bouteflika. On verra. Et ensuite ? Rien. A l'international, le Pouvoir a bien vendu sa formule, ses chiffres, son ministre des AE et ses solutions. Comme par miracle, il y a le Sahel et donc Alger est sauvé par Gao. Tout le monde a besoin d'Alger pour sauver le Mali. Alger, pas les algérois, et encore moins les algériens. Il fallait préciser. Enfin de compte ? Cet absolu « rien » nocturne qui tient entre ses dents le cosmos entier mais ne sait pas le ramener vers qui l'a lancé si loin du but de l'existence. Il n'y a rien de neuf, de nouveau. Conclusion sur trois nouvelles définitions. Colonisation : c'est ce qui permet à un peuple de choisir entre la liberté ou la soumission. L'indépendance : ce qui oblige un peuple à partir ou à tourner en rond. La libération : c'est le moment historique où l'on cesse de cirer les chaussures d'autrui pour, enfin, les chausser. |
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