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Le crime de trop ?

par Abdelkrim Zerzouri

La frappe meurtrière qui a tué, lundi 1er avril, sept employés de l'ONG humanitaire World Central Kitchen (WCK), serait-elle le crime de trop à Ghaza, où des dizaines de milliers de vies humaines ont péri sous le feu des attaques sans répit de l'armée israélienne durant les six derniers mois ? Ce crime qui a provoqué choc et consternation au sein de la communauté internationale, a donné la preuve incontestable de la folie du gouvernement Netanyahu. Ce dernier, une fois n'est pas coutume, s'est empressé de reconnaître que son armée était à l'origine d'une frappe « non intentionnelle » qui a tué les sept humanitaire de WCK, l'une des rares organisations à continuer son action d'aide aux Palestiniens pour limiter les dégâts causés par la famine, et ce selon les propositions américaines et européennes de créer des corridors humanitaires pour essayer de limiter les risques de famine. Normalement, ces humanitaires se trouvaient ainsi sous la protection de la communauté internationale, des Américains et des Européens en premier lieu, et Netanyahu a montré qu'aucun pays au monde ne peut les protéger contre sa folie meurtrière.

Le vice-président de Médecins du Monde, Jean-François Corty, a soutenu que la frappe israélienne qui a tué sept travailleurs de l'ONG américaine à Ghaza est »un message envoyé par l'armée israélienne» visant à empêcher les humanitaires d'intervenir sur le terrain, ajoutant que «bien sûr, on parle d'accident, mais aujourd'hui (...) on voit bien que les soignants, les civils, les humanitaires tombent sous des bombardements aveugles. Et ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont aujourd'hui soumis à un blocus aérien et terrestre qui est en train de générer une famine et qui témoigne d'une intention génocidaire». La frappe était « non intentionnelle », selon Netanyahu, mais l'action génocidaire est bien intentionnelle. Netanyahu ne regrette rien, d'ailleurs, déclarant dans ce contexte que « cela arrive dans une guerre ». Que reste-t-il encore comme preuve pour mettre au ban de la communauté internationale ce gouvernement et juger ses dirigeants comme des criminels de guerre ?

Les réactions qui expriment le choc provoqué par cette tuerie se font entendre dans les quatre coins de la planète. Personne ne peut cautionner un tel crime. Mais, on se demande quelle suite sera réservée aux criminels de guerre ? Contrairement aux aveux de Netanyahu, WCK, qui a suspendu ses opérations dans la région, accuse clairement l'armée israélienne d'avoir mené « une attaque ciblée », affirmant dans ce sens qu'une coordination des mouvements était établi avec les forces israéliennes, et que le convoi a été touché alors qu'il quittait l'entrepôt de Deir al-Balah, où l'équipe avait déchargé plus de 100 tonnes d'aide alimentaire humanitaire acheminée à Ghaza par voie maritime. Que reste-t-il à expliquer en sus de ces vérités partagées par tout le monde, que l'armée israélienne tire sur tout ce qui bouge dans les territoires palestiniens occupés, que le gouvernement Netanyahu emploie l'arme de la faim contre les Palestiniens pour affaiblir toute volonté de résistance et les détourner de toute riposte contre ses soldats ?