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Petite tempête financière ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le baril de pétrole est le premier à subir les effets de l'inquiétante crise bancaire qui a touché trois banques aux Etats-Unis (Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate Bank), ainsi que le Crédit Suisse, provoquant une chute de la cotation des banques françaises Crédit Agricole, BNP, Société Générale et une panique générale sur les principales places boursières mondiales.

Portant parfaitement ses qualifications de marché frivole et d'indicateur avancé de l'économie, le cours mondial du pétrole a enregistré, dans le sillage de cette petite tempête financière, un repli atteignant moins de 72 dollars le baril de Brent, soit un niveau plus vu depuis décembre 2021. Il a suffi de quelques turbulences bancaires, nourries par des craintes de dérapages de l'économie américaine, pour que le baril plonge vers des niveaux proches de ceux vécus lors de la crise sanitaire.

Pour les spécialistes, si l'économie ralentit, la demande de pétrole va chuter. Et, immanquablement, le marché pétrolier connaîtra une abondance fatale pour les prix du baril. Rien de tel n'est encore effectif, c'est seulement de la spéculation, qui ne rate pas sa cible, en l'occurrence la chute de prix du baril de pétrole, qu'on cherchait depuis longtemps à faire baisser sans réussir, jusque-là. Si les pressions américaines sur certains Etats gros producteurs de pétrole pour leur forcer la main à augmenter leur production n'ont pas pu faire fléchir leurs positions, et leur engagement au sein de l'OPEP+, notamment l'accord de réduction des volumes de production pour équilibrer le marché, cette petite tempête financière aurait eu raison de l'orientation des prix vers la baisse. Doit-on s'attendre dans ce contexte à une intervention des pays membres de l'OPEP+ pour réduire le volume de production de pétrole afin d'agir sur la courbe descendante des prix du baril ? Cités par plusieurs médias, des responsables de pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont laissé entendre que le cartel « n'agirait pas à court terme pour tenter d'enrayer la glissade des prix ». Des déclarations pas du tout faites pour freiner la dégringolade des prix du baril. Mais, on ne sait vraiment pas de quoi sera fait demain à l'ombre d'une crise bancaire qui semble très contagieuse.

Dans une dizaine de jours, la réunion mensuelle des pays membres de l'OPEP+, qui se tient au début de chaque mois, pourrait sortir avec des décisions qui reflètent le vrai visage du marché, du moins sa tendance à très court terme. Il leur faudrait bien se rendre à l'évidence d'une économie qui retient son souffle dans un contexte d'incertitude, et d'avoir en mémoire que de grandes crises financières qui ont secoué le monde ces dernières années ont commencé petites, avant d'éclater et entraîner de néfastes répercussions sur l'économie mondiale.

En tout cas, le vent de panique causé par la faillite d'affilée de trois banques américaines n'est pas passé. Pis encore, il semble se renforcer face à l'inefficacité des mesures engagées pour rassurer les marchés financiers.