Tenue
vendredi dernier, à six semaines de l'important rendez-vous des élections
présidentielles et législatives, la Conférence internationale de Paris pour la
Libye semble avoir ficelé la solution de la crise qui secoue ce pays depuis une
décennie. Arrivant en couronnement de tous les efforts déployés lors des
Conférences et rencontres internationales organisées ces dernières années au
Caire, à Berlin et Genève, et tirant des leçons des échecs passés pour aboutir
à une solution politique à la crise libyenne, cette dernière Conférence n'a
rien laissé au hasard. Organisée conjointement par La France,
l'Allemagne et l'Italie, en présence des principaux acteurs sur la scène
libyenne, en l'occurrence le président du Conseil présidentiel de transition de
Libye et le premier ministre du Gouvernement d'unité nationale de transition de
Libye, du SG de l'ONU, ainsi que la participation de l'Union africaine, l'Union
européenne, la Ligue des États arabes et le Secrétariat exécutif du G5 Sahel,
et des représentants de quelque 23 pays, cette Conférence a eu le mérite de
mettre au clair une feuille de route globale pour aller de l'avant vers une
solution définitive à la crise libyenne. C'est du moins ce qui ressort
de la Déclaration rendue publique à l'issue des travaux de la Conférence, qui
met au pied du mur toutes les parties prenantes libyennes pour se mobiliser
résolument en faveur de l'organisation d'élections présidentielles et
législatives libres, régulières, inclusives et crédibles le 24 décembre 2021.
Car, selon les termes de la Déclaration en question, les personnes ou entités à
l'intérieur ou à l'extérieur de la Libye qui tenteraient d'entraver, de
remettre en cause, de manipuler ou de falsifier le processus électoral et la
transition politique devront rendre des comptes et pourront être inscrits sur
la liste du Comité des sanctions de l'ONU. Approuvée par tous les participants,
à l'exception de la réserve émise par la Turquie concernant le statut des
forces étrangères dans le cadre du «Plan d'action pour le retrait des
mercenaires, des combattants étrangers et des forces étrangères du territoire
libyen», la Déclaration de Paris a touché à tout ce qui pourrait constituer un
alibi pour faire avorter le processus politique en cours. L'Algérie
qui a, par le biais de son représentant, le ministre des affaires étrangères et
de la communauté nationale à l'étranger, condamné la poursuite des ingérences
étrangères, toutes formes confondues, dans les affaires internes de la Libye, a
permis l'introduction au premier titre dans la Déclaration de la Conférence
«l'opposition» de tous les participants à toute ingérence étrangère dans les
affaires internes de la Libye, et le plein respect de la souveraineté, de
l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de la
Libye. Plus important encore, la Déclaration de Paris accouple
intimement la restitution des avoirs libyens gelés depuis 2011, à la réussite
du processus politique, qui aboutira à l'issue des élections du 24 décembre
prochain à la mise en place «d'autorités unifiées, démocratiquement élues,
responsables devant la population, attachées à la transparence et à l'unité,
luttant contre la corruption et satisfaisant les besoins de la population dans
toute la Libye». Les acteurs politiques libyens n'ont vraiment pas droit à
l'échec pour sauver leur peuple d'une misère qui n'est pas sienne.