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Ne pas perdre le fil conducteur ?

par Abdelkrim Zerzouri

C'est dans l'air du temps présent, les partis boycotteurs des élections qui se sont déroulées ces derniers temps, présidentielles, législatives et référendaire, changent de fusil d'épaule et s'engagent les uns après les autres dans la bataille des élections locales anticipées, annoncées pour le 27 novembre prochain. Après le PT, le Conseil national du FFS décide à l'unanimité la participation du parti aux prochaines élections locales convoquées pour le 27 novembre prochain, écrit le premier secrétaire national, selon les termes du premier secrétaire national, Youcef Aouchiche. Une unanimité qui tranche avec les réticences du Conseil national du FFS à la veille du dernier rendez-vous électoral, passant par un vote très serré entre les pour et les contre les élections législatives avant d'en arriver à la décision de boycotte de l'élection en question. Ces décisions, du PT et du FFS, ouvriraient-elles la voie à d'autres partis pour les rejoindre ? En tout cas, il ne reste pas beaucoup de temps aux hésitations entre la participation et le boycott, du moment que le retrait des formulaires de signatures par les listes indépendantes et les partis politiques est déjà en cours. Certains parleraient d'une logique inscrite dans la tradition de ces formations politiques, qui ne manquent jamais ce rendez-vous des élections locales, synonyme de survie politique pour eux. Car, se tenir à l'écart de toutes les élections, c'est signer leur acte de mort. Une absence durant un mandat de cinq ans risquerait de ne plus leur permettre de se relever de leur sommeil. Et, leur participation aux élections locales ne serait-elle pas une reconnaissance implicite de l'impossibilité, pour eux, de changer la situation qui prévaut dans le pays durant les cinq prochaines années ? Les arguments ne manquent pas aux partis qui changent de position quand il s'agit d'élections locales, dont la proximité avec le citoyen/électeur, une stratégie participationniste pour être plus près des citoyens, les accompagner et tenter, surtout, de ne pas perdre le fil conducteur. Sauvegarder leurs bases fidèles d'une déperdition certaine en cas d'un autre boycott, et pourquoi-pas gagner de nouveaux sympathisants et militants, c'est là qu'une présence dans les assemblées locales trouverait toute son explication. Et, qu'importe si on aurait écorché au passage quelques principes liés à cette farouche opposition, qui fait de l'alternative démocratique son leitmotiv, et qui « ne veut en rien légitimer le système en place en participant à des élections qu'il organise ». Ou consentent-ils que le changement auquel ils appellent se gagne en mobilisant autour de leur projet la base ? Ce n'est pas gagné d'avance, donc. Car, il leur faudrait convaincre des citoyens méfiants à l'égard des promesses politiques. Et, cette participation dans les prochaines élections locales, ne l'oublions pas, serait leur premier test grandeur nature de l'ère post-Bouteflika.