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La Ligue arabe et le contraire des préceptes

par Abdou BENABBOU

Que la dernière assemblée de la Ligue arabe n'accouche pas de résolutions ou de décisions conformes à ce pourquoi elle a été créée, n'étonne pas. Depuis belle lurette déjà, elle s'est conformée à un statut décoratif pour ne servir qu'à concentrer en son sein les antagonismes et les contradictions du monde arabe et se présenter comme un fouillis de faire-valoir consternant.

La dernière réunion a honoré ce statut de belle manière car il était entendu que les récents événements initiés par plusieurs pouvoirs arabes en place ne pouvaient augurer une entente collective en droite ligne avec les fondements par lesquels la Ligue était née. De fait, de la rencontre on ne percevra que le mutisme parlant des arrière-pensées des adhérents qui ont l'esprit ailleurs outrageusement préoccupés à préserver les intérêts individuels quel qu'en soit le prix à payer.

Le Liban en naufrage, la Syrie éclatée, l'Irak en difficile convalescence, le Yémen en déliquescence, la Libye étêtée, le Soudan morcelé et, cerise sur le gâteau, une déconcertante reconnaissance d'Israël par plusieurs Etats arabes ne pouvaient céder la place à une quelconque coordination d'action politique commune, premier et principal rôle de sa raison d'être.

La Ligue arabe est engluée dans un grand paradoxe. Elle ne peut s'en extirper dès lors que ses membres fondateurs s'appliquent dans le contraire des principes de l'Union.

A travers ce lourd cafouillis dont l'ampleur ne cesse de s'élargir, le culot éhonté que l'on devra seulement retenir de cette dernière réunion sera l'hypocrisie affichée par quelques-uns en s'essayant à aller triturer la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc décidée par l'Algérie.

Le prochain sommet se tiendra à Alger. D'ici là, nul ne peut présager de la nature future des manœuvres des uns et des autres. N'étant pas née de la dernière pluie, l'Algérie s'en tiendra toujours à ses principes en offrant en permanence sa disponibilité pour sauver ce qu'il y a à sauver. La tâche n'est pas aisée. Elle devra encore une fois tenter de redorer le blason d'une ligue régionale dorénavant sérieusement ternie.