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Les deux poids, deux mesures de la FIJ ?!

par Abdelkrim Zerzouri

La commission de discipline de la Fédération Internationale de Judo (FIJ) a eu la main lourde contre le judoka algérien Fethi Nourine et son entraîneur Amar Benikhlef. Les deux ont écopé d'une suspension de dix (10) ans chacun de toutes manifestations et activités organisées ou autorisées par la Fédération Internationale de Judo et ses Fédérations, pour avoir enfreint aux "règles de la charte olympique", entendre pour avoir décidé de se retirer des jeux olympique de Tokyo en signe de refus d'affronter un adversaire israélien.

Autant aller vers une suspension à vie, puisque les concernés ne pourraient jamais renouer avec les compétitions de haut niveau après ces dix années de suspension. Sévère sanction, qui a été influencée par des pressions de l'Etat hébreu, ou juste punition d'un comportement qui a enfreint les règles de la charte olympique ? La procédure disciplinaire à l'encontre de Fethi Nourine et Amar Benikhlef, a été engagée sur la base de l'article 50 de la Charte olympique, qui interdit toute "sorte de manifestation ou de propagande politique, religieuse ou raciale dans tous les sites ou autres zones olympiques". C'est sur cet aspect que devraient se concentrer les plaidoiries contre cette décision dans le sillage de l'appel probable à introduire par les concernés devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) dans un délai de recours de vingt et un jours (21) à compter de la réception de la décision prononcée. Le judoka algérien Fethi Nourine (-73 kg) a décidé de déclarer forfait aux Jeux olympiques de Tokyo pour ne pas avoir à affronter un adversaire israélien dans sa partie de tableau. Un forfait qui a permis à d'autres de se qualifier sur « tapis vert », de quoi se plaindrait-on, alors ? Il n'y a pas eu de propagande politique, religieuse ou raciale, dans aucun site ou zones olympiques, il y a juste un forfait déclaré par le judoka algérien, pour des raisons qui sont les siennes. La commission de discipline de la FIJ ne devrait en aucun cas tenir compte de ce qui a été relayé à ce propos par les médias, hors des sites ou zones olympiques, qui reflètent une liberté d'opinion politique de l'athlète. Ou doit-on adorer l'Etat hébreux, faire son éloge, pour avoir la bénédiction de la FIJ ? Apparemment, c'est la vérité désolante. Saeid Mollaei, un ancien judoka iranien représentant la Mongolie lors des derniers jeux olympiques de Tokyo, a dédié sa médaille d'argent, remporté dans la division masculine des 81 kilogrammes, à l'Etat d'Israël. Non sans descendre en flamme son pays natal, l'Iran, qu'il accuse d'avoir fait pression sur lui et sa famille pour qu'il perde sa demi-finale puis son combat pour la troisième place, afin d'éviter de rencontrer l'Israélien Sagi Muki en finale des Mondiaux de Tokyo, en 2019. Lors des derniers jeux olympiques, combattant sous les couleurs de la Mongolie, le judoka avait déclaré qu'il était reconnaissant pour le soutien qu'il a reçu d'Israël au fil des ans. Ce n'est pas de la propagande politique (?!), tant que cela arrange l'image d'Israël. Deux poids, deux mesures ? Et, tant que la position de la FIJ reste figé sur cette image, mieux vaudrait se retirer définitivement des jeux olympiques, en engageant le combat sur le front du changement des dirigeants du Comité olympique, en apportant soutien à leurs adversaires, qui ne seraient pas acquis à la cause israélienne, ni à aucune cause autre que le sport.