Aucun jour ne traverse le pays sans livrer un ou deux drames familiaux, catastrophes si prégnantes que l'on se demande par quoi est faite l'inconscience d'une pléthore d'êtres.

Aux environs de Khenchela cette semaine, une fillette et trois femmes d'une même famille ont été englouties dans une mare d'eau. De tels événements sont devenus monnaie si courante pour que leurs sérials se perpétuent et le malheur en se permanisant perturbe sérieusement l'esprit quand la malédiction est d'abord une œuvre humaine. Ni la nature ni le sort ne sont complices d'un arrangement existentiel au point de se demander si en définitive les cervelles ne se remplissaient plus que de foin.

Bien entendu, la compassion et l'affliction sont toujours de mise face à un malheur familial, mais l'événement tragique qui touche des concitoyens quand il est gratuit et presque recherché a de quoi infliger une désespérance face à une partie de la société perdant la tête. Les pertes humaines ainsi observées, dues à une incroyable nonchalance face aux dangers de la vie et à la mort, sont terrifiantes car elles soumettent à s'interroger sur des causes impossibles à appréhender et à comprendre.

Périr en groupe dans une mare d'eau ou laisser sa progéniture se noyer dans une vaste flaque est la pire invitation aux suicides parce que c'est la plus catastrophique manière de démontrer que la vie humaine ne vaut plus un sou. Malheureusement, l'ignition et l'inconscience matérialisée ne sont pas seulement dans les mares et les flaques d'eau. Elles se généralisent et elles sont présentes partout.

Pourtant la société algérienne est pétrie d'une riche culture façonnée par son Histoire et sa religion pour qu'elle se laisse aller ainsi à catapulter son humanisme et rendre l'extinction humaine un ustensile corvéable à merci. La culture, les us et les mœurs sont cependant des gerbes vivantes dociles aux façonnements. Si elles sont déroutées par l'indolence, le manque de savoir-vivre et les fausses vérités ancrées, elles offrent le pire des rôles à la communauté.