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Vers la fin de l'ère pétrolière ?

par Abdelkrim Zerzouri

C'est un sujet qui fâche certaines catégories de la population, exploité également pour des considérations politiciennes, mais jusqu'à quand pourra-t-on éviter de lancer les investissements en matière d'exploration et de production de gaz de schiste ? Là, il n'est plus question de débats et de tergiversations mais de passage à l'acte dès maintenant pour parer aux difficultés que devrait affronter le pays dans l'avenir immédiat. Que tous les Algériens soient au courant, pour que personne ne dise un jour je ne savais pas : l'Algérie pourrait cesser d'être un exportateur de brut dans les dix prochaines années, selon le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la prospective, Mohamed Cherif Belmihoub.

Pis, la consommation énergétique nationale ne cesse de grimper au fil des années et bientôt la production nationale ne suffira même pas à la consommation domestique, selon les prévisions des experts, chose qui contraindrait le pays à devenir pays importateur de carburant.

D'ailleurs, affirme le ministre, contrairement à ce qu'on croit, l'Algérie n'a jamais été un pays pétrolier, le qualifiant plutôt de nain pétrolier quand une seule entreprise pétrolière réalise des recettes jusqu'à cinq fois supérieures à ce que gagne le pays ! Il faut réellement s'alarmer, pas seulement en raison de la faible capacité de production du pays, due à la faiblesse des investissements dans l'exploration durant ces dernières années, qui n'a pas permis un renouvellement des réserves, ainsi que la mauvaise gestion et les soupçons de corruption qui entachent ce secteur, mais il semble que, selon les estimations des experts, globalement l'avenir de l'or noir est très sombre. Poussant les grandes compagnies en activité dans le domaine à se tourner vers les investissements dans l'énergie renouvelable. Une énergie renouvelable ou propre qui s'impose comme source d'avenir inévitable à l'ombre d'un monde qui s'engouffre dans le réchauffement climatique.

Pour peu qu'on sache le faire, en parallèle à une diversification de son économie hors hydrocarbures, l'Algérie pourrait relever tous les défis et s'arrimer au changement en cours, car le pays possède les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste, dont l'exploitation compenserait le manque à gagner sur le plan des exportations du brut et constituerait de solides réserves pour investir dans l'énergie renouvelable et, surtout, lui permettre de continuer à alimenter le fonds des transferts sociaux, qui représente 25% du budget national, et barrer la route à ceux qui alimenteraient, le cas échéant, la grogne sociale. M. Belmihoub, qui n'a jamais parlé de l'exploitation du gaz de schiste, insiste dans ce contexte sur la valorisation des richesses minières, agricoles, les énergies renouvelables, l'industrie pharmaceutique, ou encore l'économie numérique qu'on tente de mettre en place. Fin ou pas de l'ère pétrolière, si le pays n'a pas sombré dans le chaos au bout de deux décennies où la rapine a été érigée en règle de gestion, il ne pourrait que mieux se porter au moment où l'on se met à panser ses blessures.