Les directeurs de l'éducation vont-ils prendre sur leurs dos le passage du système éducatif vers une phase qualitative et performante de l'école ? Désormais, ils seront comptables devant la tutelle des résultats atteints chacun au niveau de sa wilaya. Les directeurs de l'éducation sont chargés, dans la limite du territoire de leurs wilayas et dans les délais fixés, de s'acquitter de 100 missions qui traduisent les objectifs tracés dans le plan d'action du ministère. Le principe de l'obligation de résultat leur sera appliqué à travers un suivi permanent et minutieux du travail accompli par le directeur et sa performance sera évaluée selon des normes précises, contenues dans la feuille de route des 100 missions qui leur incombent. Les concernés ont été mis au courant, lundi dernier, de cette nouvelle approche par le ministre de l'Education lors d'une conférence par visioconférence.

Est-ce trop leur demander d'accomplir avec brio ces 100 missions ou ne s'agit-il que d'un principe qui a été longtemps galvaudé ? L'épreuve est là, et celui qui y trouve objection n'a qu'à formuler son opposition et partir si la complexité de la tâche lui paraîtrait insurmontable. Sur le volet matériel, lié aux subventions et aux équipements, le ministère de tutelle prend sur lui la question, soulignant que «son secteur procèdera à la mise en place de mécanismes pour le suivi de l'ensemble des opérations sur le terrain, à travers l'exploitation optimale du système informatique du secteur qui s'appuiera davantage sur les TIC dans la gestion et le suivi de la mise en œuvre des opérations introduites dans le programme du secteur». Quant aux autres missions, réparties sur six domaines, l'enseignement avec ses deux volets, l'organisation et la règlementation scolaires, la pédagogie, l'organisation des examens scolaire, en sus de l'amélioration de la gouvernance dans le système

éducatif, du professionnalisme du personnel de l'Education nationale à travers la formation, et autres soutiens à la scolarisation et l'animation de la vie scolaire, le partenariat social, à travers le renforcement du dialogue et la concertation avec les partenaires sociaux, échoient totalement aux compétences des directeurs de l'éducation. Notons que par le passé, la performance pédagogique a été prise en considération dans l'évaluation des directeurs de l'éducation, et cela a donné lieu à une grave dérive avec le dopage des notes des élèves et le laxisme des surveillants lors des examens, laissant les apprenants recourir à la triche pour décrocher de bonnes notes et augmenter la performance selon le taux des admissions aux examens. Pour les autres missions, il faut penser également à accorder aux responsables la liberté dans le choix de leurs équipes. Car, on ne pourrait leur donner un vélo ou un tacot et les inscrire dans une course de vitesse. Un meilleur rendement nécessite impérativement des moyens matériels et humains, ainsi qu'un étroit accompagnement des responsables pour prétendre asseoir la nouvelle stratégie, qui ne peut qu'apporter les bienfaits attendus de l'école, à la fin.