Qui peut
évaluer les acteurs de la société civile et peser leurs activités sur le
terrain ? De par la nature et l'objet des activités des associations, le
baromètre de mesure est à chercher du côté des citoyens. Ils sont, selon les
catégories sociales réceptives du travail de la société civile et les
associations, les plus aptes à juger, d'une manière spontanée, qui mérite la
palme ou le blâme. Une association doit faire ce qui lui incombe sans attendre
qu'on vienne lui attribuer une médaille, à moins de le faire d'une manière
symbolique qui en rajouterait un plus en efficacité dans son rendement. A
l'exemple du prix Nobel de la Paix, attribué en 2020 à la plus grande
organisation humanitaire dans le monde (PAM) pour ses efforts de lutte contre
la faim, pour sa contribution à l'amélioration des conditions de paix dans les
zones touchées par des conflits et pour avoir joué un rôle moteur dans les
efforts visant à prévenir l'utilisation de la faim comme arme de guerre et de
conflit. Une distinction qui honore les personnes à la tête de cette
organisation, mais on se rappellera surtout que la décoration va renforcer les
actions de la PAM, grâce à la prime de ce prix Nobel. Les seuls gagnants au
bout de l'évaluation de l'activité de la PAM par le comité Nobel restent les
populations qui souffrent de la pauvreté et la faim.
Qu'en
sera-t-il de l'évaluation globale des acteurs de la société civile, qui sera
établie prochainement par l'observatoire national de la société civile, selon
une récente déclaration du conseiller auprès du président de la République
chargé du Mouvement associatif et de la Communauté nationale à l'étranger, Nazih Berramdane ? Sans douter de
l'intégrité du jugement qui sera prononcé, pour telle ou telle association, on
ne peut que rester circonspect devant le prolongement de l'idée. Car, cette
évaluation sera suivie par des recommandations à la présidence de la
République, aux services du Premier ministre et les autres parties en rapport
avec les activités de la société civile, pour mieux connaître les associations
actives et les collectivités locales, activant avec ces associations, pour
parvenir à une véritable démocratie participative. En somme, on finirait par
aboutir à recommander ou conseiller aux pouvoirs publics les meilleures associations
et autres représentants de la société avec lesquels il faut asseoir une étroite
collaboration dans la gestion des affaires publiques. Ne craint-on pas de
travestir ou caporaliser l'activité des associations qui seront, ainsi,
introduites auprès des autorités publiques ? Rien de mieux pour annihiler
l'activité d'une association que de vouloir la caporaliser. Le bien ne devant
jamais faire de bruit, ne serait-il pas plus commode de laisser le terrain les
évaluer, selon les appréciations citoyennes, et les distinguer non pas pour les
connecter avec une quelconque institution, mais pour leur donner le moyen, dans
la mesure du possible, de continuer leur mission en toute autonomie ?
L'observatoire national de la société civile serait mieux dans son rôle lorsqu'il
s'enquiert de la formation des associations, activant à l'intérieur et à
l'extérieur du pays pour améliorer le niveau de leurs animateurs dans les
domaines juridique, financier et communicationnel. Et, laisser le soin de
l'évaluation de leur activité aux anonymes.