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Rétropédalage de bon augure ?

par Abdelkrim Zerzouri

L'inattendu réaménagement des horaires du confinement sanitaire préventif contre la propagation du coronavirus en vigueur dans les 19 wilayas, dont la période sera désormais de 22h jusqu'à 5h du matin, annoncé en début de soirée du mardi 2 février, a surpris beaucoup de monde. Car, on était bien parti, à travers ces mêmes 19 wilayas, pour une reconduction du confinement partiel à domicile pour une durée

supplémentaire de quinze jours, de 20h jusqu'à 5h du matin, applicable à partir du 31 janvier 2021, suite aux instructions du président de la République au terme des consultations avec le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus (Covid-19) et l'autorité sanitaire. Que s'est-il passé alors ? Le nouveau réaménagement du confinement partiel suit-il la même norme hiérarchique ? De prime abord, on constate que l'annonce de ce réaménagement du confinement partiel a été faite par la wilaya d'Alger, en premier lieu, avant que d'autres wilayas ne suivent progressivement dans la même direction.

Il est vrai que les walis ont pouvoir de décision, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, de confiner à leur niveau des communes ou des quartiers s'ils estiment qu'il y a nécessité à le faire, mais là, c'est tout le territoire de la wilaya qui est concerné, et qui se trouvait déjà dans une plage horaire du confinement partiel adoptée par une décision gouvernementale. Ne devait-on pas revenir à la dernière décision de reconduction du confinement partiel, en cours de validité, qui va de 20h jusqu'à 5h du matin, pour l'annuler avant d'annoncer un quelconque réaménagement ? C'est au Premier ministre d'annoncer ce réaménagement du confinement partiel, décidé trois jours après avoir annoncé sa reconduction pour quinze jours. Et d'expliquer le pourquoi de ce revirement pour ne pas laisser la porte ouverte à toutes les supputations. De la sorte, on laisse croire que la décision du gouvernement du 30 janvier dernier, concernant la reconduction du confinement partiel de 20h jusqu'à 5h du matin à travers les 19 wilayas, a été prise d'une manière répréhensible, poussant à sa correction comme on le ferait pour quelque chose sans importance. Certains penseraient également que le gouvernement est revenu sur sa décision face à la montée d'une sourde colère au sein d'une partie de la population, qui commence à exprimer son ras-le-bol face à ces mesures de confinement qui n'arrangent pas ses affaires, commerciales notamment. La protesta a même été entamée à travers la wilaya de Jijel (et d'autres promettent de les rejoindre), où des commerçants, durement touchés par la fermeture des commerces assez tôt, sont sortis dans la rue pour revendiquer un aménagement des horaires du confinement.

D'autant que le réaménagement des horaires du confinement, de 22h jusqu'à 5h du matin, est automatiquement suivi d'un relâchement des activités sociales et économiques, prolongeant l'ouverture des commerces à 21h et autorisant la réouverture des salles de sports, les espaces récréatifs et autres marchés à bestiaux.

Le gouvernement a-t-il, ainsi, pris les devants pour tuer dans l'œuf ces mouvements de protestation en gestation et que ne manqueraient pas de récupérer des parties hostiles au pays ? Dans ce cadre, la décision de réaménagement des horaires du confinement a été très pertinente. Car, un « ouf » de soulagement a été exprimé, hier, par les commerçants, très contents de pouvoir exercer leurs activités jusqu'à 21h, ainsi que les citoyens qui ont pu renouer avec les sorties de détente et prendre d'assaut, en cette période de vacances et de beau temps, les espaces récréatifs. Il aurait fallu juste entendre cette grogne sociale avant le 30 janvier pour éviter de prendre une décision et être contraint au rétropédalage trois jours après.