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Vertu et qualité du dialogue

par Abdelkrim Zerzouri

Hormis le « Hirak » qui reste divisé sur la question d'aller ou ne pas aller au dialogue auquel appelle le président Tebboune, la classe politique, toutes tendances confondues, manifeste peu à peu un intérêt certain pour cette initiative. Certains, Abderrazak Makri (HMS), Sofiane Djilali (Jil Jadid), Abdelkader Bengrina (El Bina), et autres Ali Seddiki (FLN), Azzedine Mihoubi (RND), entre autres, sans attendre aucun signe précurseur d'apaisement, ont adhéré au principe de dialogue pour construire la nouvelle République. D'autres, comme la présidente du parti UCP, Zoubida Assoul, qui compte parmi les opposants purs et durs à l'ancien système, arrivent à cette conclusion de prendre la main tendue du président Tebboune, notamment après la libération de nombreux détenus du « Hirak ». Bien sûr, le pas n'est pas fait sans hésitation, sans conditionner ce geste par l'impératif du « sérieux » dans le dialogue et «l'instauration d'un climat d'apaisement et l'arrêt de la provocation envers les Algériens». Mais, c'est déjà un grand pas de franchi si l'on regarde en arrière le brouillard et le brouhaha qui répondaient à ces appels au dialogue. Les récalcitrants au dialogue n'ont pas tous adhéré à la genèse du dialogue national lancé par le président Tebboune dès son investiture, mais les portes ne sont pas totalement fermées sur cette voie. Et, la libération d'autres détenus du Hirak, toujours derrière les barreaux, pourrait constituer un déclic dans ce sens. Ainsi que la « qualité » du dialogue en lui-même qui sera entamé avec les représentants de la classe politique. On peut convaincre comme on peut ne pas convaincre, c'est selon l'écoute et la réponse aux préoccupations des uns et des autres.

La balle n'est plus dans le camp de l'opposition, qui cherche des actions convaincantes dans diverses directions, touchant aux libertés individuelles et collectives, à l'instauration d'un Etat de droit et à l'ouverture des champs politique et médiatique. Est-ce un piège pour tordre le cou à cet appel au dialogue ? Car, la sincérité et le sérieux dans le dialogue, il faut l'admettre, ne sont pas à observer par une seule partie. Tous les acteurs politiques qui viendront s'asseoir autour d'une même table doivent se prévaloir de ces qualités, de ces vertus du dialogue, avant de dire ou d'exiger quoi que ce soit de l'autre. N'empêche, le président Tebboune, qui bénéficie d'un large pouvoir de manœuvre pour mener le pays vers un avenir meilleur, tient en main, donc, de solides atouts pour rassurer les sceptiques et mettre en échec quiconque viendrait avec dans l'esprit une volonté de faire capoter le dialogue qu'on tente de mettre en place. La politique n'étant pas un jeu de candides, il est indispensable d'accompagner ces joutes de dialogue d'une transparence sans faille. Rendre public tout ce qui se dira par les uns et les autres, afin de donner l'opportunité aux citoyens de juger du sérieux et de la sincérité des uns et des autres.