A l'impossible le nouveau gouvernement algérien est tenu. Se contenter de déclarer à tout va que la deuxième République est née et gérer le pays comme l'est la gestion d'une daïra aujourd'hui serait garder l'esprit et les mauvais plis des domaines agricoles autogérés d'hier. La tâche est immense et la mue du pays ne peut se limiter à la seule prise en charge des affaires courantes et compter sur la seule bénédiction du ciel. Tout est à effacer et tout est à refaire. Si on ignore la stratégie et les calculs qui ont présidé au choix des hommes chargés de la destinée nationale, il est par contre aisé de pointer du doigt l'ensemble des grandes tares qui asphyxient les Algériens. Sans préjuger sur les compétences de l'équipe gouvernementale, se demander si elle pourrait faire face à ses obligations s'impose tant et si bien que l'œuvre censée les attendre est immense.

La complexité du triptyque économique, social et politique ne peut en aucun cas être défrichée par le gargarisme soutenu de l'autosatisfaction et ne garder comme seule référence qu'un agrippement à un nationalisme sans tenant et sans consistance. Le bouleversement du monde actuel recommande des révolutions dans tous les secteurs d'activités pour imprimer une nouvelle vie citoyenne jamais vécue jusqu'ici. Il ne s'agit pas du tout de crier aux armes citoyens, ni d'amplifier la vindicte et la réclamation, mais s'il est bien question de s'armer, il est impératif de se doter de celles de la création et de l'innovation. Bien évidemment, la création comme l'innovation ne tombent pas du ciel. Elles nécessitent d'abord un nouvel esprit dans la paix, la concorde et avec la plus grande liberté de créer. Sans tabous ni contraintes en jetant à la poubelle les fausses idées reçues et en tournant le dos aux dogmes usés sur lesquels repose un patriotisme désuet qui a prouvé ses limites.

Ainsi engagé, le nouveau gouvernement de Tebboune pourra avoir le droit et la faveur de signifier au peuple algérien qu'il est à l'impossible lui aussi tenu.