Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le panel multiple les rencontres mais sans obtenir de franches adhésions

par Kharroubi Habib

La semaine écoulée, le panel pour le dialogue drivé par Karim Younes a déployé une intense activité. Il a en effet enchaîné les rencontres tantôt avec des groupes de personnes issues de la société civile ou activant au sein du mouvement populaire, tantôt avec des figures de l'opposition politico-partisane. En précisant qu'il a reçu les premiers à leur demande et sans les considérer mandatés à parler au nom du «Hirak» ou de la société civile dont ils sont issus et que c'est à sa demande que les seconds ont accepté de s'entretenir avec lui. Il est clair que pour le panel cet enchaînement de rencontres et d'entretiens a pour but de démontrer que son initiative encore si décriée commence à être prise en considération et à ne plus être sujette au rejet catégorique. Une tendance qu'il estime pouvoir accentuer en explicitant à qui veut l'entendre le sens et les motivations de sa démarche que d'aucuns se sont empressés de décrier comme vouée au service du pouvoir qui veut imposer au peuple sa propre solution de la crise politique dans laquelle le pays est plongé.

A l'exception de maître Ali Yahia Abdenour qui a accepté de le rencontrer mais en lui signifiant qu'il désapprouve radicalement sa démarche et le but qu'il lui a fixé, le panel estime que ses autres interlocuteurs ont affiché leur compréhension pour sa démarche même si toutefois ils lui ont clairement énoncé qu'il ne doit pas s'attendre à plus de leur part tant que les préalables que les uns et les autres mettent à leur participation à toute forme de dialogue avec le pouvoir n'auront pas été déclarés recevables et exaucés. S'il y a ambiguïté dans la démarche du panel, c'est justement sur cette question des préalables.

Il y a en effet que ce panel affirme que sans la satisfaction des préalables posés par ses interlocuteurs et qu'il dit être les siens aussi, le dialogue qu'il cherche à enclencher ne sera pas possible. Mais dans le même temps il contacte et tente de rallier à sa démarche en paraissant faire abstraction que le pouvoir ne veut entendre parler d'aucun dialogue conditionné par les préalables en question. Aucun parti d'opposition, aucune personnalité politique ou historique et aucun acteur issu de la société ou activiste du mouvement populaire, même les plus convaincus de la nécessité du dialogue comme voie et mécanisme à même de dégager la solution consensuelle pour résoudre la crise nationale, ne s'engagera plus avant dans la démarche du panel en se contentant de faire foi en sa bonne volonté si le pouvoir ne fait pas les gestes d'apaisement qui lui sont demandés. Arracher ces gestes à ce pouvoir est la seule façon pour le panel de crédibiliser sa démarche et de lui amener les adhésions sans lesquelles elle n'irait pas loin.