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Le FLN n'a ni changé ni ne veut le changement

par Kharroubi Habib

Le député dont le FLN parrainera la candidature à la succession de Mouad Bouchareb à la présidence de l'Assemblée populaire nationale (APN) aura en réalité été adoubé par le pouvoir de fait aux commandes du pays. Il ne faut pas en effet s'abuser à considérer que la bataille en interne à ce parti que semble avoir suscitée le choix d'un successeur à Bouchareb donnera à ses gagnants la latitude de désigner leur favori en toute indépendance de ce pouvoir de fait.

Pour cela, il faut avoir à l'esprit qu'intifadha populaire ou pas le FLN reste dans l'allégeance et dans la «maison de l'obéissance». Ce qu'il a démontré en manifestant au quart de tour sa soumission aux nouveaux détenteurs des clefs de cette maison. L'arrivée de Mohamed Djemai à la tête du parti est censée être le fruit d'une offensive menée par l'aile «réformiste» de son encadrement ayant opté pour démarquer le FLN d'un régime et d'un pouvoir dont le peuple exige le départ. Croire cela relève de la naïveté infantile.

Mohamed Djemai et l'équipe qui l'entoure sont loin d'être les adeptes de cette « révolution» consistant à distancier le FLN des véritables détenteurs du pouvoir dans le pays. Ils ne sont pas moins entachés que le sont Bouchareb et ses fidèles ou Djamel Ould Abbès et les siens de la tare d'être dans la servilité au pouvoir du moment. L'actuel «homme fort» de l'ex-parti unique a été aussi zélé que ses prédécesseurs dans le soutien et la défense de l'ex-président de la République et de son ambition aussi mégalomaniaque que perverse, mais il a su contrairement à eux se ménager les bonnes grâces de ceux qui chevauchant l'intifadha populaire se sont décidés à pousser ce président vers la sortie.

Qu'il y ait ou non tractations et divergence entre apparatchiks et caciques de l'ex-parti unique sur le choix du remplaçant de Bouchareb au perchoir de l'APN, celui-ci n'interviendra (ou est déjà intervenu) que suite au «coup de fil» venant du sommet à la maison du FLN. L'ex-parti unique est d'autant moins enclin à rompre avec la pratique du coup de fil venant d'en haut et de son extérieur qu'il sait son destin lié à ceux qui le donnent. Mohamed Djemai et les opportunistes qui peuplent les instances dirigeantes de l'ex-parti unique n'ont aucune velléité d'asseoir l'indépendance de celui-ci et sont au contraire à fond déterminé à le mettre au service de la contre-révolution qui vise sourdement à donner un coup d'arrêt à l'intifadha populaire et à raffermir le régime ébranlé par elle.