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Quand l'Etat «moral» défend une monarchie liberticide et assassine

par Kharroubi Habib

Le silence remarqué des officiels israéliens sur l'affaire Jamal Khashoggi depuis que ce dernier est entré au consulat saoudien à Istanbul pour ne plus en ressortir leur est devenu intenable, tant il a fait apparaître qu'Israël qui se vante d'être un Etat « moral et démocratique » semble ne pas partager l'émotion que la disparition du journaliste a suscitée à travers le monde.

Les commentaires relevant la singularité de la position d'un Etat prétendu tel ont obligé son Premier ministre Benjamin Netanyahu à rompre le silence officiel israélien en faisant une déclaration sur l'affaire dans laquelle tout en qualifiant « d'horrible » ce qui s'est passé au consulat d'Istanbul, il a pris la défense de la monarchie saoudienne confrontée à la réprobation universelle et sous la menace de sanctions internationales. Bien qu'il ait été silencieux jusque-là, le Premier ministre israélien n'en a pas moins agi secrètement pour tenter de dissuader les Etats-Unis de punir Ryad comme le leur réclament l'opinion publique américaine et les voix de plus en plus nombreuses qui s'élèvent au sein du Congrès. Le Washington Post a en effet révélé que Netanyahu est intervenu dans ce sens auprès de la Maison Blanche.

Avec l'Egypte et les Emirats arabes unis, Israël est le seul Etat dans le monde à vouloir que le crime qui est imputé à la monarchie wahhabite n'entraîne pas pour elle des sanctions qui affaibliraient son statut d'acteur stratégique sur lequel comptent les trois Etats à l'intérêt géopolitique dans la région concordant. En Mohamed Ben Salmane que tout désigne comme étant le probable commanditaire du meurtre de Khashoggi, Israël a trouvé le responsable arabe qui a été le plus loin dans l'abandon de la cause palestinienne et disposé sans complexe de faire contracter avec lui, à son pays, une alliance qui lui procurerait le bénéfice de mettre fin à sa convenance à la question palestinienne en même temps qu'elle conforterait le front israélo-arabe anti-iranien auquel aspire la politique suivie par Netanyahu. Celui-ci qui a l'oreille de Donald Trump et de son administration fera tout pour qu'ils conviennent de préserver un tel partenaire si bien disposé à l'égard de l'entité sioniste en n'accordant pas leur aval à son éventuelle destitution ou mise à l'écart qui ont les faveurs de ses détracteurs parmi la famille régnante saoudienne.

Pour son opération de secours en faveur de MBS, Netanyahu est certain d'avoir l'appui qui pourrait être décisif du gendre de Donald Trump qui encore plus que son beau-père n'envisage aucunement de lui faire payer l'abominable meurtre du journaliste Khashoggi. C'est dire que le poids des arguments développés par le Premier ministre israélien auprès de la Maison Blanche pour qu'elle n'en rajoute pas dans les pressions qu'elle exerce sur Ryad va peser au profit de la monarchie saoudienne et contribuera certainement à une prise de décision américaine qui sauvegarderait pour elle l'essentiel : le maintien en l'état de la mainmise du si complaisant responsable arabe qu'est le sinistre Mohamed Ben Salmane sur le pouvoir saoudien.