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La position algérienne sur la Libye confortée par la résolution du Conseil de sécurité

par Kharroubi Habib

Le Conseil de sécurité a approuvé jeudi à l'unanimité une prolongation d'un an de sa mission politique en Libye chargée de faire aboutir dans ce pays le processus de réconciliation entre les factions libyennes dont la réussite est le préalable à la tenue d'élections d'où en sortiraient des autorités à la légitimité s'imposant à toutes. La France, pour rappel, a unilatéralement cherché à dicter un tempo à ce processus en fixant une date butoir, celle du 10 décembre prochain, à l'échéance électorale devant en être le couronnement.

Les graves évènements qui se sont produits en Libye les semaines ayant précédé la réunion de jeudi du Conseil de sécurité ont permis aux membres de ce dernier de prendre la mesure de l'inanité de la fixation dans ces conditions d'une quelconque date butoir pour la tenue d'élections en Libye. Ils ont confirmé pour eux les réserves suscitées chez différentes parties prenantes à la recherche d'une sortie de crise pour la Libye par la démarche française.

L'Algérie en est une parmi ces parties à ne pas avoir fait mystère que cette démarche n'a pas son assentiment car ne prenant pas en compte l'obligation qu'il y a de parvenir d'abord par la voie d'un dialogue inclusif inter-libyen réussi à une réunification des institutions libyennes avant de passer à une étape électorale. C'est probablement pour avoir émis cette réserve que l'Algérie a été avant la tenue de la réunion du Conseil de sécurité la cible d'une manœuvre insidieuse ayant eu pour auteur apparent le controversé maréchal autoproclamé Khalifa Haftar ayant visé sa disqualification en tant que partie dont les réserves seraient censées favoriser les intérêts de certaines factions libyennes au détriment de ceux d'autres.

Le Conseil de sécurité y compris ses membres occidentaux alliés de la France s'est prononcé dans le sens pour lequel l'Algérie plaide avec constance sur la question libyenne. Il a même fait sien son appel réitéré à ce que les Etats qui officiellement reconnaissent le gouvernement d'union nationale en tant qu'autorité légale de la Libye cessent tout soutien et contact avec les institutions parallèles qui lui disputent le pouvoir.

Ce n'est en effet que par cette pression internationale que ces institutions parallèles seront forcées de mettre fin à leur blocage au processus de réconciliation initié par la mission onusienne pour la Libye et que l'Algérie contribue de son côté à faire accepter aux acteurs libyens qui font confiance à son discours rassembleur et à la sincérité de ses efforts en faveur d'une solution à la crise de leur pays qui soit exclusivement libyo-libyenne.

Reste à savoir si le Conseil de sécurité est déterminé à faire respecter son appel dans le cas où des parties prenantes étrangères au conflit libyen vont persister dans leur attitude de duplicité consistant à faire semblant de soutenir la mission politique onusienne pour la Libye tout en lui savonnant le chemin qu'elle a emprunté pour tenter de réunir les conditions pour une réconciliation inter-libyenne. Pour certaines d'entre elles, le chaos dans lequel a été plongée la Libye a éveillé chez elles la tentation de l'entretenir avec le calcul qu'une telle situation dans ce pays leur facilite la prédation de ses ressources plus aisément qu'il ne leur a été possible dans une Libye en paix.