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Le pseudo-piège dans lequel Haftar cherche à enferrer l'Algérie

par Kharroubi Habib

Si comme l'en a accusée Khalifa Haftar l'armée algérienne a effectué des incursions en territoire libyen, il revenait aux autorités internationalement reconnues de l'ex-Jamahiriya d'interpeller sur ce sujet celles de l'Algérie. En répliquant aux propos aussi absurdes que délirants du maréchal d'opérette libyen, Alger serait tombée dans le piège dans lequel il a manifestement cherché à l'entraîner: celui de le faire apparaître comme le détenteur de la souveraineté de l'Etat libyen et le gouvernement légal libyen peu soucieux de défendre celle-ci.

Par ricochet, l'accusation formulée à l'encontre de l'armée algérienne par le sulfureux militaire qui brigue de prendre le pouvoir dans son pays visait en fait à discréditer le gouvernement de Fayez Serraj qui malgré ses faiblesses fait obstacle à sa morbide ambition. Khalifa Haftar s'en est pris à l'Algérie pour également faire taire dans son camp les voix qui contestent avec de plus en plus de virulence son leadership nullement justifié par le bilan qui est celui de son autoproclamée armée nationale libyenne dans la lutte contre les groupes jihado-terroristes et les factions armées qui en soutiens du gouvernement Serraj font opposition à la prise du pouvoir par leur prétendu « homme fort ». Sans chercher à exclure le maréchal autoproclamé et son camp du dialogue inter-libyen dont elle prône avec constance la relance, l'Algérie s'est clairement positionnée contre leur prétention d'accéder au pouvoir par la force des armes.

C'est cette option que le pseudo-maréchal tente de réaliser en harcelant militairement les forces armées qui défendent le gouvernement libyen internationalement reconnu en accord tacite avec des parties étrangères qui tout en proclamant publiquement qu'elles maintiennent leur soutien à celui-ci et à la solution de la crise libyenne par la voie du dialogue inter-libyen inclusif encouragent l'apprenti dictateur à entrer par la force à Tripoli. Il est clair que Khalifa et ses sponsors cherchent à neutraliser l'Algérie sur le dossier libyen en la faisant apparaître comme une puissance régionale dont la doctrine de non-ingérence dans les affaires des Etats voisins est prise en défaut avec les prétendues incursions effectuées par son armée en territoire libyen.

Pour ne pas donner un semblant de réalité aux allégations proférées à son encontre par le Bonaparte aux petits pieds qui rêve de prendre la place en Libye du défunt Mouammar Kadhafi, ce n'est pas à l'Algérie de répondre officiellement à celui-ci, mais au gouvernement légal libyen qui se sait la cible première de ses vaticinations visant à parasiter le climat de confiance et d'entente que les deux parties ont insufflé à leurs relations bilatérales. Evitons alors les interpellations naïves et culpabilisantes de la diplomatie algérienne au prétexte que le mégalomane militaire libyen s'en est pris à l'Algérie de manière indécente. Ubu finit toujours par se tourner en ridicule par ses extravagances.