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Un réflexe à l'impact probable sur le scrutin du 04 mai

par Kharroubi Habib

Des confrères ont signalé que les bureaux de poste de la capitale sont confrontés à une subite affluence de gens venant procéder à d'importants retraits d'argent. La raison en est, selon ces mêmes sources, la « fièvre » du Ramadhan qui a commencé à conditionner le comportement de nos concitoyens. Si telle est l'explication de la ruée de ces derniers vers les guichets de poste et, semble-t-il, des banques aussi, elle donne à comprendre que les assurances prodiguées par les pouvoirs publics d'un mois de ramadhan qui ne verra pas de poussée inflationniste n'ont guère atteint leur but. Le réflexe des citoyens indiquerait qu'au contraire ils s'attendent à une flambée des prix dont ils pensent pouvoir en atténuer l'impact sur leur budget en procédant plus tôt aux achats indispensables leur permettant de satisfaire le surplus de consommation inhérent au mois de jeûne. Sauf qu'il contribuera inéluctablement à précipiter et à amplifier la spirale inflationniste avant même que ne pointe le ramadhan. Les spéculateurs à l'affût de tout enflement de la demande ne rateront pas en effet l'aubaine de pressurer précocement leurs clientèles, une pratique dont ils usent impitoyablement en l'absence d'une intervention dissuasive des services étatiques en charge de la régulation et du contrôle du secteur du commerce et de la distribution. Contrairement aux allégations réitérées des responsables de ce secteur, le mois de ramadhan et les semaines qui le précèdent vont être chauds et pas que climatiquement. Les prix qui ont déjà flambé au-delà du logiquement concevable poursuivent inexplicablement leur hausse alors même que les autorités certifient qu'il existe une disponibilité de l'offre répondant à la demande, qui va la stopper et voire même en inverser la tendance.

En cette période de campagne électorale où l'on voit les pouvoirs publics et les partis en lice dans la compétition électorale des législatives plaider pour une participation citoyenne massive au scrutin du 04 mai, la folie qui s'est emparée de la mercuriale ne génère assurément pas un climat social qui incite les citoyens à répondre positivement à leur incitation. L'on peut avancer en toute certitude que le comportement électoral qu'adoptera une bonne partie de l'électorat va être conditionné par ce qu'elle endure au quotidien du fait de ce à quoi elle est confrontée sur les marchés. Le fait d'aller voter ainsi que l'y poussent les protagonistes de la joute électorale peut en effet lui apparaître comme n'étant pas sa préoccupation alors qu'elle se débat avec l'impératif devenu insoutenable de parvenir à faire face aux besoins d'entretenir décemment ses conditions de vie. Les déclarations électorales par lesquelles il est promis qu'une participation massive au scrutin des législatives contribuerait à réunir les conditions au redressement de la situation dans laquelle est le pays, et par voie de conséquence l'amélioration de la condition sociale des citoyens, n'apparaissent pas convaincantes à ceux qui ont fait de leur abstention électorale un mode de protestation contre l'impuissance de l'Etat à assumer son rôle de sauvegarde de leur dignité sociale.