Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un message qui a du sens dans le contexte de tension dans le conflit syrien

par Kharroubi Habib

Le message de félicitation adressé par le président Bouteflika à son homologue syrien à l'occasion du 71ème anniversaire de l'indépendance de son pays a pu apparaître comme purement protocolaire et son contenu conforme à ce qui est d'usage d'exprimer en de telles occurrences. Il y a cependant dans le message du président algérien quelques considérations formulées dont l'on ne saisit la raison qu'en ayant présent à l'esprit la singularité de la position de l'Algérie sur le conflit syrien. Laquelle est que le président Bachar El Assad et son régime restent l'autorité légale de la Syrie dont l'Algérie ne prône pas le départ et le remplacement.

Cette position, Bouteflika en a réitéré l'intangibilité en accompagnant les vœux de santé et de bonheur qu'il a souhaités au président syrien par celui de le voir réaliser les aspirations de « son cher peuple à la reconstruction dans le cadre de la concorde et de l'entente nationale ». C'est clairement afficher que l'Algérie ne s'associe pas au concert que font entendre les pays qui réclament le départ du président syrien depuis les premiers moments du conflit et dont les voix se sont singulièrement élevées ces derniers temps en faveur d'une intervention militaire internationale pour précipiter ce départ. Le message du chef de l'Etat confirme que l'Algérie ne partage pas l'objectif qui réunit ces pays contre Bachar El Assad et son régime et encore moins l'option de l'intervention armée à la concrétisation de laquelle ils s'agitent. Ce qui est explicite dans le passage du message dans lequel Bouteflika déclare qu'il formule le vœu de « voir les rounds de dialogue syrien aboutir au règlement de la crise et au rétablissement de la paix et de la stabilité auxquels aspire le peuple syrien ».

Le message de Bouteflika au président syrien est certes la confirmation de la continuité de la position adoptée par l'Algérie tout au long du conflit syrien même si des pressions tant diplomatiques qu'économiques assorties de menaces voilées sur sa propre stabilité nationale ont été exercées sur elle pour la pousser à s'en départir. Mais il marque aussi l'intention de l'Algérie d'assumer sans faire dans l'ambiguïté son soutien à l'autorité légale de la Syrie incarnée par le président Bachar El Assad à un moment où il faut encore le souligner elle est en butte à une conjuration internationale visant à y mettre fin dont les premiers jalons ont été l'hystérique campagne diplomatico-médiatique déclenchée contre le président syrien et son régime au prétexte de l'attaque chimique dont la localité de Khan Cheikhoun aurait été le théâtre, et l'agression militaire ordonnée sous le même prétexte par le président américain Donald Trump.

Dans un contexte aussi lourd de menaces pour l'autorité légale syrienne, le message de Bouteflika ne peut être réduit à son seul aspect diplomatico-protocolaire. Il est l'affirmation que l'Algérie ne hurle pas avec les loups dont la meute est à nouveau déchaînée contre la Syrie qui a déjà fait échec à leurs tentatives de la mettre à mort.