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Une campagne invisible

par Moncef Wafi

Les candidates «fantômes» ont été rattrapées par la patrouille avec la menace d'annuler les listes n'affichant pas leurs photos. La Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) a donc décidé de mettre le holà à une pratique qui a fait tache d'huile à Bordj Bou Arréridj et sa coordination locale a adressé des mises en demeure à six partis politiques qui n'ont pas cru devoir afficher le visage de leurs candidates.

En 2017, les Algériens ont été stupéfaits d'assister à un tel spectacle, découvrant avec effarement et beaucoup de fatalisme des espaces blancs pour illustrer les identités des candidates appelées à les représenter. Une aberration de trop pour des élections décriées tant par leur campagne morne, l'absence de programmes électoraux que par le niveau de certains candidats et leur âge avancé. Trop même. Ces affiches invisibles ne sont pourtant pas une exception puisque des irrégularités ont été commises tout au long de cette première semaine de campagne. L'affichage sauvage n'en est qu'un aspect, mais le premier à être visible. Il donne la pleine mesure de ces élections décrédibilisées par l'indigence de certains partis politiques et l'amateurisme de l'administration.

Ces affiches sont collées sur les murs et les devantures, les poubelles et les plaques de signalisation, bref un peu partout sauf sur les lieux prévus à cet effet, et donnent l'image d'un pays à vau-l'eau où le premier venu fait ce qu'il veut. Cet affichage sauvage est pourtant l'apanage des partis de la majorité sortante qui se croient en territoire conquis alors que tous les sigles sont théoriquement égaux devant la loi. Théoriquement cela s'entend. L'autre grief retenu et dénoncé par certaines voix partisanes est cette propension à importer des militants par cargaisons de bus, à les obliger à quitter leurs lieux de travail pour venir applaudir un discours aux relents populistes dangereux et insensés.

Cette facilité dans l'offense et le mépris, dans la distribution de promesses électorales et des kilos de pomme de terre illustre la pauvreté du débat politique et remplace le programme électoral. Qu'attendre de cette campagne où un parti redevient l'Etat, où le boycott est un crime et l'abstention une trahison ? Rien sauf qu'elle prenne fin et le plus vite possible. Après, ça sera au tour des urnes de parler.