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L'opposition syrienne et ses sponsors jouent leur «joker»: Israël

par Kharroubi Habib

Alors qu'un nouveau round de négociations intersyriennes est prévu à partir de demain mercredi à Genève sous l'égide de l'ONU en présence de représentants du régime de Bachar El Assad et de l'opposition, l'on assiste depuis quelques jours à un net regain d'affrontements violents entre les forces armées des deux camps. Il ne fait aucun doute que cette recrudescence des affrontements, malgré le cessez-le-feu négocié par les deux parties en décembre avec l'aide de la Russie et de la Turquie, a un lien avec l'ouverture demain des négociations de Genève. Elle est devenue prévisible du moment que les opposants en armes au régime ont refusé la semaine dernière de reprendre place à la table des négociations à Astana où il était question du raffermissement du cessez-le-feu et de la conclusion d'un accord qui en garantirait le respect.

Par leur dérobade, ces opposants se sont donné prétexte à considérer caduque la trêve des armes et pour reprendre aux côtés des groupes djihado-terroristes l'affrontement avec les forces gouvernementales. Le but de l'opposition est d'apparaître comme disposant toujours d'une force armée à même d'inverser le rapport militaire sur le terrain instauré à son détriment par les succès remportés par celles du régime. Pour tenter de rendre plausible cette perspective, les groupes armés de cette opposition ont cherché en alliance avec les terroristes d'El Nosra à frapper un grand coup dimanche en lançant une offensive dont la cible a été Damas la capitale même. Sûrement dans l'intention de frapper les esprits à la veille de l'ouverture de la rencontre de Genève et faire paraître le régime en moins bonne position qu'il leur semble être après ses succès militaires.

L'autre impératif qui a poussé l'opposition armée syrienne à reprendre l'affrontement ce sont les pressions qu'exercent sur elle ses sponsors étrangers qui n'ont approuvé ni le cessez-le-feu négocié avec l'aide de la Russie et de la Turquie ni ne veulent que la conférence de Genève se conclue par un éventuel accord politique et de paix incluant le régime de Bachar El Assad. Pour les convaincre, même Israël qui prétend se tenir à l'écart du conflit syrien s'implique ouvertement dans celui-ci, en procédant à des frappes aériennes sur des positions des forces du régime destinées à les contraindre à se redéployer et ce faisant à relâcher le pressing qu'elles exercent sur celles d'où partent les offensives tentées contre elles par les rebelles et les djihado-terroristes à nouveau en alliance.

L'intervention directe d'Israël n'a pas d'autre justification que celle de faire capoter des négociations dont ni les sponsors connus de la rébellion armée syrienne ni l'Etat sioniste ne veulent la réussite. Celui-ci est le « joker » que les sponsors de la rébellion font jouer après avoir vu leur ingérence multiforme échouer à faire s'effondrer le régime. « Joker » dont l'entrée dans le jeu risque, il est vrai, de bouleverser la donne en Syrie mais aussi dans toute la région et pas forcément dans le sens où le veulent les apprentis sorciers qui sont à l'origine du conflit syrien.