Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Lamamra tance les pyromanes

par Kharroubi Habib

Notre ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra qui a participé à Bruxelles à la conférence internationale sur la médiation a dans son intervention et à propos de la situation en Libye, qui suscite de vives inquiétudes à la communauté internationale, asséné en direction de celle-ci quelques vérités qui devraient selon lui l'inciter à « faire son examen de conscience » sur le rôle qui a été le sien dans la crise libyenne et fut à l'origine de ses désastreux développements.

Les reproches formulés par Lamamra à la communauté internationale s'adressaient en fait aux puissances occidentales membres du Conseil de sécurité qui dans cette crise ont « jeté de l'huile sur le feu » et ont fait obstruction aux « mesures d'apaisement, d'inclusion » de nature à favoriser une solution et ainsi fait rater l'occasion à la communauté internationale de prendre l'initiative d'une transition pacifique et inclusive en Libye. Ce rappel dérangeant pour ceux qu'il a visés n'en était pas moins indispensable tant il paraît évident que certains d'entre eux persistent à vouloir traiter la crise libyenne de la même façon regrettable qui l'a fait dégénérer en un chaos ayant détruit le pays.

Leur persistance dans cette voie est cause selon le ministre algérien des Affaires étrangères que les difficultés perdurent et entravent la mise en œuvre de la seule solution qui vaille pour la crise libyenne. Ces difficultés, Lamamra les attribue à l'absence « d'un seul agenda pour le peuple libyen mais également pour toute la communauté internationale ». Cet agenda, qui du point de vue algérien devrait s'en tenir à consolider l'accord signé le 17 décembre 2015 et à faire en sorte que s'il doit être amendé il le soit de manière consensuelle par les acteurs libyens en conflit, peine à s'imposer en raison qu'il n'est pas unique et soutenu par toute la communauté internationale dont certaines composantes lui opposent des agendas concurrents ou conflictuels.

Le propos de Lamamra sur la crise libyenne et les critiques qu'il a adressées à la communauté internationale mais implicitement aux Etats dont l'ingérence fait obstacle à un agenda unique s'imposaient car il est partent que si ces derniers ont conscience qu'il faut agir pour régler la crise libyenne, ils sont réticents, et même plus, à harmoniser l'approche de la solution pour y mettre un terme. Lamamra a parlé au nom d'un pays, l'Algérie, qui sait de quoi il retourne dans la situation que vit la Libye voisine et est parfaitement renseigné sur les intentions que les uns et les autres travaillent à faire aboutir dans ce pays.

Il est clair que l'Algérie n'entend pas rester passive sur la question libyenne et accepter d'être isolée à nouveau par un processus international pour son règlement dont la définition et la mise en œuvre seront dictées par des parties pour qui la stabilisation de la situation en Libye n'est que paravent à leur dessein d'y instaurer un pouvoir sous le couvert duquel elles pourront mettre ce pays en coupe réglée et peu leur importe que le peuple libyen n'y trouve pas son compte. L'Algérie ne se résoudra pas à cette perspective tant elle anticipe l'aggravation qu'elle suscitera à la crise libyenne et les répercussions qu'elle aura sur sa stabilité et sa sécurité nationale.